La France et l’Allemagne se distinguent de la plupart des pays européens par un taux de croissance des dépenses qui reste positif. L’inflexion de la dépense de santé a en effet été plus brutale pour d’autres pays tels que la Grèce, l’Irlande ou le Portugal en raison des coupes budgétaires imposées par la crise, au demeurant plus sévères dans ces pays. Ces résultats confirment ainsi les annonces du gouvernement et de la ministre de la Santé.
Depuis les Trente Glorieuses, la part des dépenses de santé dans le produit intérieur brut avait tendance à progresser dans la plupart des pays européens. Toutefois, dans le courant des années 2000, celle-ci s’est quasiment stabilisée dans des pays comme l’Allemagne puis la France. Cette évolution s’est faite sans à-coup majeur grâce au renforcement de la maîtrise de la dépense d’assurance maladie. En revanche, suite à la crise débutée en 2008, les dépenses de santé par habitant ont ralenti, voire diminué, et ce bien plus fortement dans les pays du sud et du nord-ouest de l’Europe, comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande et, dans une moindre mesure, l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni.
Le renoncement aux soins est une réalité
S’il est difficile de distinguer l’effet intrinsèque de la crise des conséquences des politiques structurelles de maîtrise de la dépense de santé, néanmoins, les actions entreprises telles que les coupes budgétaires, la réduction du coût des soins ou bien l’augmentation des franchises, ont contribué à ce retournement de tendance, qui a été particulièrement visible sur le poste médicament. Les difficultés économiques ainsi que les mesures de redressement ont contribué dans certains pays à limiter l’accès aux soins, en raison notamment de l’augmentation du reste à charge des ménages. Une hausse importante du renoncement déclaré pour certains types de soins a de fait été observée dans certains pays durement touchés par la crise comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne ou l’Irlande. Si l’espérance de vie n’a diminué dans aucun des pays observés, il n’en va pas toujours de même pour l’espérance de vie en bonne santé : même si le lien de causalité avec la réduction des dépenses de santé n’est à ce stade pas établi, celle-ci a reculé en Grèce et en Italie.
Chômage = moins de soins
En Grèce, où l’une des affiliations possibles à l’assurance maladie est liée au fait d’être en emploi, les dépenses courantes de santé par habitant ont diminué brutalement entre 2009 et 2010, de 11,2 %. Cette baisse, historique, est suivie de deux nouvelles diminutions en 2011 et 2012. En Irlande, les dépenses ont chuté de 8,8 % en 2010 et de 3,9 % en 2011. L’ampleur de cette baisse s’explique à la fois par une diminution des prestations versées et par une réduction du taux de couverture de la population par l’assurance maladie. Quant au Portugal, où les mesures d’économie ont été mises en œuvre plus progressivement, la diminution des dépenses de santé a été un peu plus tardive (– 5,9 % en 2011, en lien notamment avec l’entrée en vigueur du plan de sauvetage du FMI qui s’est traduit par une austérité budgétaire accrue), mais persiste en 2012 (– 4,8 %).
Yoyo
Le ralentissement de la dépense s’est aussi fait sentir, dans une moindre mesure, dans d’autres pays européens de tradition beveridgienne, c’est-à-dire où la dépense de santé est essentiellement financée par l’impôt. Ainsi, le Royaume-Uni enregistre une baisse modérée de ses dépenses courantes de santé en volume par habitant en 2010 (– 1,7 %), suivie d’un taux de croissance quasi nul en raison du programme d’austérité mis en place par les autorités après l’examen des réalisations budgétaires de 2010. En Suède, la forte récession de 2009 a été suivie d’un taux de croissance nul des dépenses de santé par habitant en 2010. Toutefois, le pays ayant connu une reprise économique plus forte que dans le reste de l’Union dès 2010-2011 et renoué avec l’équilibre budgétaire au sens de Maastricht dès 2011, les dépenses de santé en volume par habitant ont ensuite rapidement retrouvé leur rythme de croissance d’avant crise.
Double peine
Le ralentissement, voire la baisse, des dépenses de santé, observé dans les différents pays européens sont d’autant plus notables que, structurellement, les dépenses devraient augmenter. En effet les maladies chroniques sont de plus en plus fréquentes. En France, par exemple, le nombre de patients atteints d’une affection de longue durée (ALD), dont le traitement est pris en charge à 100 % par l’assurance maladie, progresse de 3,5 % par an en moyenne.
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