« Ils signeront… Si la base ne maintient pas la pression, ils signeront! » A l’image de Michel qui affiche son appartenance à cette mouvance contestataire, les médecins de l’UFML craignent une fois de plus de mériter le surnom de « médecins pigeons »… De fait, Marisol Touraine va-t-elle donner satisfaction aux médecins libéraux en colère ou asphyxier leur mouvement avec de bonnes paroles ? Mi-décembre, recevant MG France, puis la CSMF, elle s’est en tout cas montrée ouverte, au moins sur une réécriture partielle de sa loi de santé. Et en gage de bonne volonté, la ministre a même accepté de reporter sa discussion au Parlement en avril.
Pour autant, la majorité des généralistes qui ont répondu à notre enquête internet ne se fait guère d’illusions. Le mot revient souvent : dans l’esprit d’un certain nombre de grévistes, Marisol Touraine est une « idéologue antilibérale ». Et d’ailleurs, presque aucun (2%) ne parie sur une satisfaction de toutes les revendications des généralistes. Un peu plus d’un tiers seulement espère que la ministre de la Santé lâchera prise sur certaines demandes de la profession, mais la grande majorité (63%) pense que leur ministre ne cèdera sur rien.
[[asset:image:3956 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]La vision de certains enquêtés est parfois franchement pessimiste. Comme cette Finistérienne : « A mon avis il est trop tard, les médecins libéraux vont disparaitre et les médecins salariés seront à la botte des gouvernants et des technocrates », lâche Françoise, désabusée. D’autres tentent de jauger le rapport de force, comme François dans l’Aisne : « qu'il est dur d'être entendu quand on n'a pas de tracteurs ou de poids lourds pour bloquer les villes !!! » Enfin, il y a ceux, pas si rares, semble-t-il, qui, tel ce confrère de Saint Tropez, jouent le jeu, mais sans trop rêver : « Pourvu que la grève ait un impact... Mais je n’y crois guère », soupire Marc...
« J’espère que ce n’est qu’un début »
La ministre ne bougera pas ? Pas si sûr... Car notre enquête montre aussi une détermination forte des médecins libéraux pour la suite. Seuls 6% (sans doute parmi les non grévistes ) n’envisagent pas du tout de prolongements à la grogne et 10% hésitent. Mais pour les 84% restants, si la grève de fin d’année ne suffisait pas, ils sont prêts à poursuivre le mouvement. «Pourvu que la grève soit massivement suivie et bien relayée par les médias !! Il faut quelque chose d'ENORME...», espère Pierre, 56 ans, installé en Isère. « J'espère que ce n’est qu'un début », confirme Françoise une consoeur qui exerce dans un petit village de l’Allier. Pour la suite, Christophe, 56 ans est tout disposé à quitter sa Nièvre pour rejoindre la capitale : «Il faut manifester à Paris et marcher sur l'Assemblée Nationale; cela se passera mal et la riposte sera mal vécue par la population.» Alors, rendez-vous en 2015 ?
Suite des résultats, dimanche : Mais que font les généralistes pendant la grève ?
Retrouvez les autres résultats de notre enquête :
• Qui fait grève parmi les généralistes ?
• Grève : les raisons de la colère
• Et les patients, que pensent-ils de la grève de leurs médecins ?
Soins palliatifs : le gouvernement promet d’« intensifier les efforts » en 2025
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