Les professionnels de santé libéraux de Mayenne sont en colère. Alors que la circulation du virus devient préoccupante dans le département — avec 6 foyers épidémiques et un nombre de cas positifs multiplié par quatre depuis le 25 juin (220 cas, chiffres ARS) — l'agence régionale de santé des Pays de la Loire vient de stopper net l'organisation ambulatoire mise en place depuis le début de l'épidémie sur le territoire. Elle refuse notamment de suivre le plan d'organisation des prises en charge des cas suspects Covid proposé par les médecins de l'Adops53 (Association départementale pour l'organisation de la permanence des soins en Mayenne). Son président, le Dr Luc Duquesnel, également président du syndicat Les Généralistes-CSMF, regrette amèrement cette décision.
« Nous sommes frustrés. Depuis le 23 mars nous avons tout mis en place, avec la coordination de la plateforme territoriale d'appui Palex, pour voir les patients suspects dans huit centres Covid, tester, recenser les médecins traitants pour le suivi, prendre en charge les 10 % de patients sans médecin traitant du territoire… Nous avons soumis un projet clé en main à l'ARS pour maintenir une organisation Covid au-delà de la fin de l'état d'urgence sanitaire le 10 juillet mais il n'y a pas eu de discussion possible », déplore le généraliste de Mayenne.
Astreintes de médecins en centre Covid et mobilisation des IDE
Le projet de l'Adops 53, présenté en conférence de presse ce vendredi, avait été soumis à l'ARS le 15 juin dernier. Il proposait notamment de s'appuyer sur la mobilisation d'un médecin d'astreinte dans chaque centre Covid pour prendre en charge les cas suspects, sur un pool d'infirmiers libéraux formés pour orienter par téléphone les patients suspects vers ces centres ou encore sur des binômes généraliste/IDE pour la prise en charge des patients. Une rémunération de 50 euros de l'heure pour les IDE et une astreinte de 450 euros pour 12 heures pour les généralistes était suggérée. « Nous étions ouverts à la discussion sur le plan financier mais l'ARS n'a de toute façon pas pris le temps d'en discuter avec les acteurs », regrette le Dr Duquesnel.
Dans son courrier de réponse adressé aux médecins libéraux le 25 juin, dont Le Généraliste a eu copie, l'ARS Pays-de-Loire explique ainsi son refus : « Nous ne sommes pas favorables à la poursuite d’une activité dédiée Covid après le 10 juillet au vu du niveau actuel de circulation du virus. Cela sera peut-être de nouveau d’actualité à l’automne mais l’organisation paraît trop mobilisatrice de ressources humaines pour seulement une vingtaine de patients par jour maximum ». Et l'institution d'ajouter : « Nous estimons que les médecins généralistes sont en capacité aujourd’hui d’assurer la consultation de leurs propres patients, même si cela complique l’organisation des cabinets ».
Mauvais message envoyé à la population
De quoi faire bondir le Dr Duquesnel, qui regrette de devoir repasser d'une prise en charge coordonnée des soins à une organisation individuelle. « Nous sommes l'un des départements français les plus sinistrés en termes de démographie. Avec les congés d'été, la fermeture des centres Covid va mettre en difficulté les médecins généralistes et cela aura des conséquences sur les centres 15 et la fréquentation des services d'urgences », prévient-il. L'Adops 53 craint également que le retour à l'organisation normale des soins ambulatoires n'envoie un mauvais signal à la population, dont le relâchement vis-à-vis des gestes barrières est déjà observé depuis plusieurs jours. Enfin, les professionnels mayennais estiment que la décision de l'ARS « remet en cause et fragilise l’investissement de tous depuis 3 mois ».
Contactée par Le Généraliste, l'ARS Pays de la Loire n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.
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