Selon une étude menée par l'Observatoire de non-recours aux droits et aux services (Odenore) menée dans 18 départements, plus d'un Français sur quatre serait concerné par le renoncement aux soins. Un phénomène qui fait réagir les pouvoirs publics. Alors que Marisol Touraine vient de lancer un simulateur en ligne pour permettre aux assurés d'évaluer leurs droits, la CNAMTS développe une expérimentation d'accompagnement face aux difficultés d'accès aux soins. Dans le Gard, la CPAM a lancé en 2014 sous le nom de "Pfidass" (Plateforme d'intervention départementale pour l'accès aux soins et à la santé) un dispositif destiné à repérer les assurés qui renoncent à se soigner. En mai 2016, la CNAMTS a étendu ce dispositif à 21 caisses volontaires*. L'ensemble du territoire devrait en bénéficier d'ici mi-2018, grâce à trois nouvelles vagues de généralisation.
"Au-delà d'aider à l'ouverture des droits, les caisses accompagnent dans la durée et de manière personnalisée les assurés", explique Nicolas Revel, directeur de la CNAMTS. Les agents des CPAM ont ainsi été formés à accompagner ces personnes. Tous les autres acteurs du territoire (professionnels de santé, collectivités territoriales, CCAS, établissements hospitaliers, complémentaires…) sont également sollicités afin d'identifier les situations qui nécessitent une aide individualisée. L'accompagnement d'un assuré dure en moyenne 70 jours. Le conseiller formé par la sécu a tout d'abord un rôle d'information auprès de lui sur ses droits (CMU-C, ACS, choix d'une complémentaire…). L'agent peut aussi l'orienter dans le choix d'un professionnel de santé ou dans l'accompagnement d'un montage financier.
Renoncement aux soins dentaires et optiques
Le premier diagnostic rendu par l'Odenore sur 18 des départements pilotes en 2016, permet de dessiner le profil des assurés renonçant aux soins, les causes évoquées et les soins concernés. Les assurés suivis par les caisses pilotes entre mars 2016 et mars 2017 ont en effet été amenés à remplir un questionnaire sur le renoncement .Ce sont les femmes qui sont majoritairement concernées (58,6 %), des personnes seules (36,6 %) ou des familles monoparentales (17,7 %). La plupart du temps, ces personnes ont des parcours de vie difficiles, en instabilité professionnelle, ou le cas contraire avec des revenus précaires. Les soins les plus concernés par le renoncement sont sans surprise les prothèses dentaires (38 %), les soins dentaires conservateurs (33 %), les consultations chez un spécialiste (26 %), les consultations ophtalmologiques (20 %) et les achats d'optique (19%). Si le dentaire et l'ophtalmologie sont en tête, les consultations chez le généraliste concernent tout de même 13 % des interrogés.
La dimension financière occupe une part très importante dans la décision de renoncer à des soins. 59 % des interrogés évoquent un reste à charge trop important, devant l'avance de frais (32 %), les délais de rendez-vous trop longs (12 %) ou encore les problèmes de disponibilité (11 %). Dans plus de la moitié des cas, le renoncement aux soins dure depuis plus de deux ans. Grâce au dispositif, sur 9 400 dossiers établis, près d'un sur trois a abouti à la réalisation de soins. 26 % des dossiers ont conduit à l'attribution de CMU ou d'ACS, 18 % à l'accès complémentaire et 9 % à la mise à jour de leur dossier.
*Flandres, Hainaut, Somme, Oise, Val d'Oise, Manche, Allier, Puy-de-Dôme, Charente, Lot, Landes, Haute-Garonne, Pyrénées-Orientales, Aude, Bouches-du-Rhône, Hérault, Alpes-Maritimes, Drôme, Savoie, Meurthe-et-Moselle, Moselle.
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