Parmi ses propositions visant l’ensemble des services publics, le rapport du CAP 22 (Comité action publique 2022), mandaté par l’exécutif pour plancher sur la baisse de la dépense publique, envisage pour le système de soins une « transformation structurelle ». Divulgué vendredi par le syndicat Solidaires finances, le texte prévoit « plus de 5 milliards d’euros d’économies » pour la santé et la réduction « de 10 000 le nombre de décès évitables par an ».
Les auteurs de ce rapport, une quarantaine d’experts, dénoncent un système « très axé sur l’hôpital, cloisonné entre la médecine de ville et l’hôpital », en attente de fluidification et d’une réduction des inégalités sociales et territoriales de santé.
« Les symptômes (…) sont connus : délais d’attente, engorgement des urgences des hôpitaux à défaut de solutions de proximité en matière de soins primaires et d’urgence, renoncement aux soins, et épuisement des professionnels concernés », précise le document, qui pointe aussi un manque de réponses aux enjeux du vieillissement, des maladies chroniques en expansion, des mortalité infantile et précoce des adultes évitables.
Il faut réduire les « barrières institutionnelles et administratives inutiles » entre les différents pôles de soins, explique le comité. Dans ce sens, il invite notamment à sanctionner les professionnels libéraux non inscrits à « un système de coordination entre les acteurs » en déremboursant leurs soins. Ces professionnels « ne seraient pas conventionnés et leurs actes ne pourraient donc pas donner lieu à remboursement par la sécurité sociale ».
Numérique et Big data à l’honneur
Le rapport mise aussi sur le digital. Il en appelle à « un véritable virage numérique en santé mis en œuvre à grande échelle et de manière coordonnée ». Transversal, ce chantier chaperonnerait les autres : mesure de la qualité des soins, renforcement de la pertinence des actes à travers des référentiels, rénovation de l’organisation interne des établissements publics de santé, amélioration du recouvrement des factures à l’hôpital, limitation de l’hospitalisation complète et accélération de la médecine ambulatoire, meilleure information des patients sur les traitements proposés, possibilité donnée aux professionnels de comparer leurs pratiques.
Le comité plaide pour le déploiement de l’exploitation des données de santé, via un opérateur public dédié, pour soutenir différents axes : recherche et innovation, transparence/évaluation des soins, prévention, pharmacovigilance, maîtrise médicalisée, etc.
Il engage à généraliser la télémédecine dans les déserts médicaux et à la rendre accessible à toutes les professions médicales. Il souhaite aussi développer la télésurveillance à domicile pour les malades chroniques et diminuer ainsi le nombre d’hospitalisation en EHPAD.
Répartir et graduer l’offre passe aussi d’après les experts par le « renforcement des groupements hospitaliers de territoire », avec une « plateforme d’orientation, d’information et de coordination au service du patient » et le développement de la délégation de compétences, initiée avec les infirmiers en pratique avancée.
D’après le document, notre dépense publique de santé surpasse encore, malgré des progrès ces dernières années, de 1,3 point de PIB la moyenne européenne. Les pistes « choc » pour transformer l’ensemble de la sphère publique représentent d’ici à 2022 « une trentaine de milliards d’euros » d’économies globales, selon les experts.
On peut s’interroger sur les retombées futures de ce travail, que le gouvernement n’aurait pas l’intention de dévoiler d’un bloc, mais au compte-gouttes, au fil des réformes à venir, d’après Le Point.
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