« Les questions d’accès effectif aux soins et de soutenabilité du modèle social seront prééminentes lors des prochaines échéances électorales. Si nous ne voulons pas jouer défensif, mettons-nous d’accord sur nos priorités. Nous devons prendre ce débat à bras-le-corps ! », a défendu Éric Chenut, le président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), en ouverture de son 44e congrès ce mercredi 18 juin 2025, sous le soleil et la chaleur d’Agen (Lot-et-Garonne), devant plus d’un millier de mutualistes, mais sans le chef de l’État. Un rendez-vous décisif, en amont des débats budgétaires de l’automne qui seront placés sous le signe des économies, avec un déficit attendu de la Sécurité sociale pour 2025 de 21,9 milliards, dont 16 milliards pour la seule branche maladie.
En attendant les axes du plan gouvernemental qui devrait être annoncé à la mi-juillet, « nous voulons faire un congrès utile et porter, ensemble, une vision solidaire de la protection sociale », a scandé le président de la Mutualité. Et face aux logiques « court-termistes » des gouvernements passés, Éric Chenut a argumenté que les mutualistes doivent « porter une vision de moyen et de long terme, comme horizon commun ».
Efficience, lutte contre la fraude mais aussi contre la financiarisation du secteur, actions de prévention et de promotion de la santé qui « justifient nos coûts de gestion reprochés par nos contempteurs »… Le président de la FNMF a posé les premières pierres des défis de demain, souhaitant être proactif avec un nouveau triptyque : « solidaire, durable et soutenable ».
Gérard Larcher souhaite réformer la Sécu
S’il n’a pas pu se rendre à Agen pour des raisons d’agenda, le président du Sénat Gérard Larcher a toutefois tenu à adresser un message vidéo de quelques minutes aux congressistes. Dans sa prise de parole, l’ancien vétérinaire a pointé l’ampleur de la dette de l’Assurance-maladie « jamais vue hors période de crise », affirmant que « les réformes structurelles ne pourront plus être différées bien longtemps ». Pour « préserver » la Sécu, qui fête cette année ses 80 ans, le troisième personnage de l’État « appelle à un vrai débat public sur la protection sociale, ces forces et ses faiblesses ».
Le président de la chambre haute a profité de son intervention pour saluer l’adoption de la proposition de loi sur l’accès aux soins portée par le président de la commission des Affaires sociales du Sénat Philippe Mouiller (LR). Car selon lui, « l’inégale répartition des soignants porte atteinte à l’équité des territoires ». Ainsi, « face aux attentes des patients, il est devenu nécessaire d’y répondre au niveau national », a-t-il expliqué. Partage des tâches, organisation pluripro voire équipes de soins traitantes… Toutes ces solutions sont certes nécessaires mais le texte sénatorial prévoyant une à deux journées de solidarité territoriale obligatoire l’est aussi, a-t-il insisté, le trouvant « équilibré et gardant de s’opposer les uns aux autres ».
Les maires engagés sur la prévention
Invité à s’exprimer lors de la table ronde d’ouverture, le maire de la ville hôte de l’événement, Jean Dionis du Séjour (MoDem), a confirmé l’intérêt de ses administrés pour la santé et l’accès aux soins, qu’ils placent en première préoccupation. Dans son agglomération, 15 000 habitants sur 100 000 sont dépourvus de médecin traitant. « Même si nous n’avons pas la compétence en santé, nous allons être obligés d’y aller ! », a-t-il lancé, avant de se dire « disponible, comme tous les maires, pour faire de la prévention ». Il a déploré au passage le retard français en la matière, autant en termes de vaccination que de détection de cancers, par rapport aux voisins européens.
C’est ce sujet de la prévention que Bertrand Dupouy, président de la Mutualité française en Nouvelle-Aquitaine, lui aussi autour de la table, a souhaité développer, soulignant les actions menées auprès des personnes âgées sur les chutes et, pour toute la population, contre le moustique-tigre.
Le vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge de la santé, Philippe Nauche, a rapporté de son côté que des partenariats sont noués avec le secteur mutualiste pour inciter à l’activité physique des jeunes. Preuve que les actions de prévention sont déjà à l’œuvre, salue Éric Chenut. Quelques semaines plus tôt, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, s’était montré favorable à confier une plus grande part de dépenses de prévention aux complémentaires.
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