Le ministre de la Santé croate arrêté pour soupçon de corruption

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Publié le 18/11/2024
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Vili Beros, ministre de la Santé croate, a été arrêté vendredi 15 novembre par des agents du Bureau de lutte contre la corruption dans le cadre d’une enquête pour trafic d’influence. Dans ce cadre, des directeurs d’hôpitaux ont aussi été interpellés.

Crédit photo : Thomas Hubert/SIPA

Le ministre croate de la Santé, Vili Beros, a été arrêté vendredi dans le cadre d'une enquête pour corruption, soupçonné de « trafic d'influence », un scandale qui impliquerait également des directeurs d'hôpitaux.

Vili Beros « a été arrêté ce matin, avec deux autres personnes, dans le cadre d'une opération menée par le Bureau de lutte contre la corruption et le crime organisé (USKOK) », a annoncé en conférence de presse le Premier ministre Andrej Plenkovic. Un porte-parole du gouvernement avait annoncé juste avant que le ministre, en poste depuis janvier 2020, avait été démis de ses fonctions. « En ce qui concerne les actions des autorités judiciaires, aussi inconfortables soient-elles pour le gouvernement en ce moment, je tiens à dire que je les salue et qu'elles ont tout notre soutien », a déclaré le Premier ministre.

Trois suspects arrêtés

« M. Beros rejette toute responsabilité pénale », a déclaré aux médias son avocate Laura Valkovic, présente devant le domicile du ministre, perquisitionné dans la matinée selon des photos publiées dans la presse locale. Des arrestations ont eu lieu « dans la région de Zagreb et de Skradin (sud) », selon un communiqué de l'USKOK.

L'enquête porte sur « des faits criminels de réception et de versement des pots-de-vin, d'association criminelle et de trafic d'influence », a dit le procureur général, Ivan Turudic, en conférence de presse, en précisant que M. Beros, 59 ans, était lui-même soupçonné de « trafic d'influence ».

Trois suspects, dont le ministre, ont été arrêtés et déférés vendredi après-midi par un juge d'instruction, qui doit décider de leur éventuelle mise en détention provisoire. Selon les médias locaux, un des suspects est un célèbre neurochirurgien employé dans un hôpital de Zagreb et directeur d’une clinique privée.

Parallèlement à cette opération du parquet croate, le parquet européen, un organe créé pour lutter contre la fraude portant atteinte aux finances de l'Union européenne, a annoncé les détails de sa propre enquête.

600 000 euros pour des microscopes

Les faits ont eu lieu de « juin 2022 à novembre 2024 ». Les personnes soupçonnées auraient fait en sorte que plusieurs hôpitaux du pays achètent des dispositifs robotiques médicaux à des prix supérieurs à ceux du marché, en échange de pots-de-vin. Ils sont également soupçonnés de prise illégale d'intérêt.

Le parquet européen évoque notamment l'achat de microscopes opératoires pour trois hôpitaux pour « un prix augmenté de manière injustifiée » de plus de 600 000 euros, au détriment du budget de l'État croate.

Mais, selon M. Turudic, il s'agit d'une enquête « parallèle » dont les autorités judiciaires croates n'ont pas été informées. Le procureur a également accusé le parquet européen de ne pas avoir respecté le « principe de coopération loyale », à savoir d'informer les autorités du pays de son enquête. La Croatie lutte depuis longtemps pour contenir la corruption endémique qui touche le pays, le secteur de la santé étant tristement célèbre pour les pots-de-vin réguliers versés aux médecins et aux fonctionnaires.


Source : lequotidiendumedecin.fr