Les nouvelles organisations sont-elles déjà dépassées par les mutations du système de santé ? Un débat animé par Alain Coulomb, président de l'association Coopération Santé, qui réunit des associations de patients, professionnels de santé et organismes payeurs, était organisé pour tenter de répondre à cette question.
Qualité des soins, statut sociologique du médecin, montée de l'efficience, désertification… l'économiste de la santé Claude Le Pen a fait un rapide tour d'horizon des défis du système de santé d'aujourd'hui. Des changements qu'il analysait déjà dans un livre « Les nouveaux habits d'Hippocrate », paru il y a une vingtaine d'années. « Hippocrate a de nouveaux outils mais n'a pas vraiment de nouveaux habits », constate Alain Coulomb. « On a en effet des habits de 1990 avec des outils de 2017 », estime Claude Le Pen.
Pour Alain Coulomb, c'est davantage l'environnement de la santé qui a évolué, sur le plan épidémiologique et démographique avec le vieillissement de la population, mais aussi sur le plan socioculturel – « Les attentes des acteurs et des patients ont changé » – et enfin sur le plan technologique avec les objets connectés, l'intelligence artificielle, les progrès de la génomique, etc. « Les organisations ne se sont pas adaptées assez rapidement à ces changements, analyse Maxime Cauterman, directeur de cabinet de la directrice générale de la DGOS Cécile Courrèges. Elles ont notamment été prises de vitesse par le vieillissement, aucune étude n'avait été faite à ce sujet avant les années 2000. C'est aussi le quotidien des professionnels de santé qui a changé », ajoute le docteur en santé publique.
Une politique de santé trop timide ?
Pour répondre à ces enjeux, le Dr Cauterman évoque les mesures prises par le gouvernement, notamment la Stratégie nationale de santé (SNS). Il insiste sur le développement de la prévention – « on a des progrès à faire sur la mortalité avant 60 ans et sur l'espérance de vie » – et sur les besoins de coordination entre les professionnels de santé, déjà amorcée par la précédente loi de santé et la création des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Le PLFSS 2018 doit notamment répondre à ce dernier défi, avec la création d'un Fonds d'innovation organisationnel.
Du côté des patients, on reste cependant sur la réserve quant à la capacité du nouveau gouvernement à rétablir l'équilibre entre les mutations du système santé et l'organisation des acteurs. Christian Saout, président d'honneur de l'association Aides et ancien président de la Conférence nationale de santé, déplore : « J'ai déjà entendu ces promesses mais je n'ai pas vu de réalité tangible ». Sur la SNS, il dénonce également « un atelier d'écriture un peu fermé », qui n'a pas su faire participer tous les acteurs du système de santé. Pour lui, la clé de l'innovation organisationnelle serait que « les financements "kiffent" l'innovation ». Comprendre : que les moyens nécessaires soient alloués à la coordination.
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