Depuis des mois, les représentants* professionnels et syndicaux de la néphrologie française ferraillent avec le ministère pour allonger la durée de leur diplôme de troisième cycle.
Ils réclament le passage à cinq ans de leur DES, à l'instar des pneumologues, cardiologues et hépato-gastroentérologues, au lieu de la maquette de quatre ans proposée dans le cadre de la réforme (dont une phase socle d'un an, une phase d'approfondissement de deux ans et une de consolidation/mise en responsabilité d'un an, avec quatre ou cinq semestres de néphrologie).
En octobre, cette requête a été refusée par le ministère, au motif que la discipline n'est pas « médico-technique », contrairement aux spécialités précitées, avec le risque d'un effet « jurisprudence ». Pourtant, plaident les représentants de la néphrologie, une formation polyvalente, complète, à la fois « interniste et médico-technique » est indispensable face à « la complexité de certaines techniques, comme l'épuration extrarénale ». « Les durées de formation des autres pays européens sont de cinq, six voire sept ans ! Nous devons nous aligner là-dessus », explique au « Quotidien » le Pr Bruno Moulin, président du CNP de la spécialité, et chef de service aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg.
Les enjeux d'une fomation très solide (y compris aux nouvelles technologies) sont d'autant plus lourds que la prise en charge des maladies rénales chroniques et aiguës est « en constante augmentation » et les soins « de plus en plus sophistiqués et onéreux », affirme le Pr Moulin. Les soins prescrits par un néphrologue coûtent deux et quatre millions d'euros par an en moyenne. Et le coût annuel de l'insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) est estimé à 4 milliards d'euros par an.
Détricotage
« Les données de la spécialité, par exemple sur la transplantation, sont lourdes à acquérir, argumente le Pr Moulin. Il faut que tous les néphrologues soient formés au suivi de greffe, or en trois ans (durée cumulée de la phase socle et d'approfondissement), c'est vraiment trop court. La spécialité est en train d'être détricotée ! »
Les patients sont mobilisés. Le maintien d'une formation en quatre ans est qualifié par l'association Renaloo de « menace grave pour l'avenir des patients atteints de maladies rénales ». « Nous avons besoin de néphrologues disposant d'expertises importantes et transversales en physiologie, métabolisme, médecine cardiovasculaire, immunologie clinique, immunopathologie, immunogénétique, gériatrie, médecine intensive » qui « maîtriseront toutes les dimensions de la spécialité, de la néphrologie clinique à la greffe et à la dialyse », poursuit l'association.
Dans l'espoir d'une réponse favorable du gouvernement, la profession continue de plaider pour une maquette en 5 ans retravaillée avec les internes. Elle comporterait un minimum de six semestres en néphrologie, un semestre de réanimation médicale et trois stages libres de médecine (cardiologie, infectiologie, médecine interne, hématologie, etc.) pour optimiser l'autonomie dans les compétences transversales.
* Syndicat francophone de néphrologie, dialyse et transplantation (SFNDT), Collège universitaire des enseignants en néphrologie (CUEN), Conseil national des universités (CNU) et Conseil national professionnel (CNP) de néphrologie.
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