L'homéopathie ne sera plus remboursée par la Sécurité sociale à compter du 1er janvier 2021. Dès 2020, les granules aujourd'hui prises en charge à 30 % par l'Assurance maladie ne le seront plus qu'à 15 %, puis ce taux tombera à zéro en 2021, a annoncé ce mardi Agnès Buzyn, dans un entretien au Parisien.
La ministre de la Santé, avec l'accord du chef de l'État, a donc décidé de se ranger à l'avis de la Haute autorité de santé (HAS) qui avait conclu à l'« efficacité insuffisante » de cette méthode alternative.
Un remboursement à 15 % en 2020
Agnès Buzyn a toutefois fait le choix d'une « période de transition » avant de procéder au déremboursement total afin de « se laisser le temps de la pédagogie » auprès des patients mais aussi pour « laisser le temps aux industriels de s'organiser ».
La ministre a tranché sans attendre la réunion jeudi, avec les représentants de 17 organisations de professionnels de santé, patients et entreprises du médicament rassemblées dans un Collectif de soutien à l’homéopathie. Agnès Buzyn a donc suivi l'avis de la commission de la transparence de la HAS, chargée d'évaluer les médicaments, qui avait conclu que les produits homéopathiques n'avaient « pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d'un remboursement ».
Rigoureux avec l'argent public
« Nous devons être rigoureux pour que l'argent public, celui des Français, soit dépensé à bon escient », affirme encore Agnès Buzyn dans cet entretien - le remboursement de l'homéopathie a représenté 126,8 millions d'euros de remboursement par l'Assurance maladie en 2018.
La ministre de la Santé a assumé cette décision, qui rencontrait pourtant l'opposition d'une partie de la population — une pétition pour le maintien du remboursement avait récolté en quelques semaines plus d'un million de signatures. Elle a argué que les conséquences du déremboursement de l'homéopathie seraient modestes pour les consommateurs. « La somme moyenne remboursée est de 18 euros par an, soit moins de 1,5 euro par mois. [...] Je ne pense donc pas que cette mesure freinera le recours à l'homéopathie », a-t-elle justifié.
L'ancienne patronne de la HAS ne se prononce pas en revanche sur le retrait de l'enseignement de l'homéopathie dans les facultés de médecine, réclamé par le CNGE, ni sur les suites à donner aux poursuites disciplinaires engagées contre les professionnels signataires d'une tribune contre l'homéopathie.
La conviction d'Agnès Buzyn a profondément évolué ces derniers mois à la faveur des études menées par les instances scientifiques (Académie de médecine, CNGE, Haute Autorité de santé...) et à mesure qu'enflait la contestation des "anti-fakemédecine". Alors que venait d'éclater la polémique après la publication d'une tribune de 124 professionnels contre l'homéopathie et les médecines complémentaires, la ministre de la Santé avait une tout autre position. « Si ça continue à être bénéfique sans être nocif, ça continuera à être remboursé », avait-elle déclaré en avril 2018.
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