Constatant que les thématiques de santé sont « au centre des préoccupations des Français » et que « la pression des élus à la coercition à l’installation des médecins est grandissante », la présidente de l’URPS médecins libéraux Île-de-France, le Dr Valérie Briole, présente lundi 12 septembre un plan pour « sauver la médecine libérale ».
En préambule, la rhumatologue rappelle que le dernier zonage de l’agence régionale de santé (ARS) Île-de-France classe 96 % du territoire francilien dans une zone d’accès aux soins difficile. Alors, à l’instar du Hcaam, le Dr Briole défend le maintien du « plus longtemps possible » des médecins en exercice. En Île-de-France, justifie-t-elle, « un médecin libéral sur deux a plus de 60 ans » et « un quart des médecins en exercice ont dépassé les 65 ans ». Ainsi, « chaque année d’exercice supplémentaire de ces plus de 60 ans est une année de gagnée pour l’accès aux soins des patients », poursuit-elle. « Il est tout à fait anormal que les médecins libéraux en cumul emploi-retraite continuent à payer les cotisations retraites alors qu’ils n’en auront jamais le bénéfice », argumente-t-elle, appelant à tout simplement supprimer ces cotisations, comme ce fut le cas pendant la crise Covid-19.
Former davantage de médecins
La présidente de l’URPS médecins libéraux Île-de-France appelle également à former davantage de médecins dans sa région. Depuis 2010, renseigne-t-elle, la région compte 3 742 libéraux en moins, dont 1 821 généralistes. ll faut donc selon elle considérer ces départs sans successeur comme des postes vacants. Pour y remédier, il faudrait doubler le nombre d’internes en Île-de-France dans les trois prochaines années – soit 1 500 postes supplémentaires par an – pour retrouver un effectif équivalent à celui de 2010. En juillet 2022, 17 postes d’internes supplémentaires, « seulement », commente-t-elle, amer, ont été accordés par Ségur.
Thématique étroitement liée mentionnée par le Dr Briole : l’ouverture des terrains de stage en libéral pour les étudiants en médecine. La praticienne incite les agences régionales de santé à mettre en œuvre plus de stages en libéral et se dit prête à en être un partenaire, au côté des ministères de la Santé et de l’Éducation supérieure.
Lutter contre les rendez-vous non honorés
Autre point important – et déjà relevé par le Dr Briole – les rendez-vous non honorés. En moyenne, deux rendez-vous non honorés par jour sont notés par les médecins selon l’enquête flash de l’URPS datant du 22 juillet 2022. Un praticien sur deux considère cette tendance à la hausse et 79 % d’entre eux pensent que c’est une problématique majeure dans leur organisation quotidienne. L’URPS propose : « une campagne nationale d’information sur l’accès aux soins pour sensibiliser les usagers au respect de leur rendez-vous » ; la systématisation des SMS de rappel de rendez-vous, 24 heures en amont et la simplicité d’annulation ; l’impossibilité de prendre deux rendez-vous simultanés dans la même spécialité sans avoir annulé au préalable sa première réservation ; et enfin le développement d’une option de prépaiement que les médecins pourraient volontairement activer, notamment pour les nouveaux patients « à hauteur de 7 à 10 euros », précise le Dr Briole.
Une consultation à 50 euros ?
Mesure numéro 5 : permettre aux libéraux de vivre de leur métier dans des conditions de pratiques modernes. Cheval de bataille de son syndicat l’UFML-S présidé par le Dr Jérôme Marty, le Dr Briole affirme qu’il « serait plus logique d’avoir une rémunération à hauteur de 50 euros, comme la moyenne européenne », puisque la France se classe au 8e rang sur 12 selon une récente analyse de l’OCDE sur les revenus des médecins. Alors, l’URPS propose « une revalorisation tarifaire de l’acte au tarif opposable de secteur 1, comme la revalorisation des actes de secteur 2 ». Le Dr Briole a par ailleurs rappelé que 95,4 % des médecins d’Île-de-France sont contre la rémunération au forfait (enquête flash menée début avril et ayant enregistré 1 300 réponses).
Devant le temps passé aux tâches administratives – de 15 à 25 % du temps de travail – par les médecins, l’URPS appelle à une délégation de tâches par des « secrétariats, assistants médicotechniques, gestionnaires de cabinet, juristes, délégués à la protection des données informatiques », mais uniquement administrative.
Réguler la téléconsultation
Autre idée de l’URPS : un engagement dans un plan d’investissement immobilier. Le Dr Briole avance que, pour être plus attractive, la région Île-de-France et la métropole du Grand Paris devraient proposer des tarifs avantageux pour des surfaces aux normes d'accès PMR - à l'achat ou à la location.
Repenser la gouvernance médicale dans les établissements de santé fait également partie des priorités du Dr Briole. Et ce, pour se protéger des fonds de pension, qui « font de la médecine en réduisant les coûts ».
L’URPS souhaite aussi imposer une régulation afin d’éviter « le mésusage que peuvent entraîner » les bornes ou les cabines de téléconsultation. Le Dr Briole glisse qu’une autorisation des ARS et des CDOM permettrait « de garantir pertinence et qualité de soins ».
Enfin, en complément du point précédent, l’URPS appelle à des contrôles plus réguliers des centres et des pratiques dans le dentaire, l’ophtalmologie, la radiologie, l’ORL et la médecine générale. En effet, « le corollaire d’une juste valorisation des actes passe par la sanction efficace des fraudes ».
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