M. le Dr Toussaint, d’Argenteuil, vient de publier un article où il malmène vigoureusement ses confrères à propos de leurs idées sur les Mutualités. Il croit, d’autre part, améliorer la thèse qu’il soutient en critiquant les journaux médicaux qui, dit-il, « dépensent tant d’encre à propos du plus insignifiant congrès » au lieu de s’occuper, bien entendu, des Mutualités !
Quoi qu’en dise M. Toussaint, les Mutualités sont devenues pour les médecins joliment encombrantes et, surtout, désastreuses. Aussi ne nous étonnons-nous pas du tout de la campagne que mènent contre elles les syndicats médicaux !
L’un des rédacteurs du Bulletin de l’Union des Syndicats médicaux a écrit cette phrase qui exprime clairement les desiderata des médecins syndiqués : « En réfléchissant, les mutualistes intelligents arriveront peu à peu à comprendre que le mieux, pour eux comme pour nous, serait de n’avoir plus du tout de service médical et de borner l’intervention de leurs Sociétés à l’attribution de secours de maladie plus élevés… » Un autre médecin, appartenant au même groupe a été plus explicite encore ; il disait récemment : « Ce qu’il faudrait, c’est d’être payé par les malades. Ceux-ci toucheraient une indemnité journalière, et nous considérerions, grâce à cela, les mutualistes comme des clients ordinaires ».
Là nous paraît être la vérité, malgré les exclamations de M. Toussaint qui s’écrie : « Comment des médecins connaissant le monde ouvrier, ses ressources, ses habitudes, peuvent-ils désirer ne plus être payés par les Sociétés et traiter les mutualistes comme des clients ordinaires ! Fort d’une expérience de 20 ans, comme médecin de plusieurs groupes mutualistes et, en même temps, comme président du conseil d’administration d’une grande Société, je ne crains pas de dire que si ce système était mis en vigueur par toutes les Sociétés, tout le monde y perdrait ! Les Sociétés, les malades et, surtout, les médecins ! »
Cela est l’avis du Dr Toussaint ; mais ce n’est pas le nôtre. Les Sociétés et les malades y perdraient peut-être. Mais il n’est pas du tout démontré que les médecins n’y gagneraient pas. Notre confrère ajoute : « Je me permets de crier casse-cou aux médecins qui, non par conviction, mis pour obéir à un mot d’ordre syndical, veulent rompre avec les collectivités mutualistes. Je puis leur assurer qu’il est cent fois préférable pour eux (qu’ils exercent à la ville ou à la campagne) d’avoir affaire à une bonne Société qui leur paie tous les trois mois des honoraires modiques, mais assurés, qu’à un pauvre diable de prolétaire à qui l’indemnité journalière que lui servira quand il sera malade la caisse de sa Société (cette indemnité fut-elle notablement augmentée, comme on le souhaite), permettra peut-être en outre d’acheter des remèdes qui lui seront ordonnés, la miche de pain indispensable aux repas de sa famille, mais qui, assurément, ne pourra jamais leur payer le premier sou de leurs honoraires et contre lequel ils n’auront aucun recours ».
Qu’il continue à crier « casse-cou », nous n’y voyons pas d’inconvénient. Ce qui est certain, c’est qu’il ne ralliera pas la majorité du corps médical, exploité de façon invraisemblable par les Sociétés de Secours mutuel.
(Dr Debaut-Manoir, « La Gazette médicale de Paris », 1904)
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