Entre patients et médecins, le fossé serait-il en train de se creuser à la faveur de l’adoption de la loi Touraine ? On pourrait presque se poser la question alors que la ministre semble depuis quelque temps se refaire une santé dans l’opinion, un grand journal du soir lui consacrant même cette semaine un portrait élogieux sur une pleine page… En politique, plus qu’ailleurs, on ne prête qu’aux riches. Et les éloges appellent les éloges. Ces dernières semaines, les Français donnent de fait l’impression de découvrir une Marisol Touraine jusqu’alors encore mal connue du grand public et souffrant depuis trois ans d’une image de ministre un peu techno s’affairant sur des dossiers pointus. En témoigne sa brusque remontée dans le dernier baromètre IFOP/Paris Match : publié le jour même du vote de sa loi en première lecture par les députés, ce sondage la crédite de 5 points de progression en un mois. La plus forte hausse enregistrée en avril par une personnalité politique !
Pour les médecins libéraux majoritairement hostiles à la réforme ce décalage avec le grand public peut être difficile à assumer. Un récent baromètre, révélé mardi par Mediforce, confirme pourtant que le moral est à la baisse chez les blouses blanches et, singulièrement, chez les généralistes. Lors de la précédente édition, ces derniers figuraient parmi les plus optimistes au sein des professions de santé. Ce n’est plus du tout le cas cette année. Cette enquête indique que, non seulement le moral n’est pas bon sur leur situation actuelle, mais aussi que les médecins de famille voient l’avenir en noir. Il y a un an, près de 60 % d’entre eux se disaient ainsi prêts à conseiller leur métier à un jeune. Ils ne seraient plus que 36 % désormais dans la catégorie prosélyte…
Ce grand écart soignants-soignés s’explique par les positionnements des uns et des autres. Pour les patients, il y a de tout dans cette réforme fourre-tout : outre une dispense d’avance de frais perçue comme une quasi-gratuité des soins, c’est l’occasion de poser de nouveaux droits pour les malades, des avancées pour les femmes et des mesures de protection pour la santé des mineurs. Personne n’a été oublié dans l’affaire. Sauf peut-être les médecins que la conjoncture à l’évidence défavorise et qui s’inquiètent du flou persistant sur les contours du tiers payant généralisé… La partie n’est pas terminée sans doute. Mais, dans les mois qui viennent, il va falloir jouer serré : Touraine, ministre des médecins est désormais, surtout, la ministre des patients…
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