Depuis de nombreux mois les médias professionnels nous informent régulièrement de la situation des étudiants formés en Roumanie. Ces derniers obtiennent aux ECN des résultats piètres et certains chefs de service interdisent toute pratique professionnelle sans supervision.
Au-delà de cet état de fait (qui n’a rien à voir avec le problème de remise de faux diplômes) se pose la question de l’exercice de ces futurs généralistes (la plupart deviendront des généralistes). Pourquoi, les pouvoirs publics acceptent que des médecins puissent exercer avec un niveau de compétences pas nécessairement en accord avec les standards classiques ?
Pourquoi ne pas harmoniser au sein de l’Europe les bases des connaissances nécessaires pour permettre de former d’excellents médecins ?
Toujours est-il que cette problématique est ancienne, elle irrite les doyens des universités françaises, l’Ordre des médecins, mais aucune mesure digne de ce nom n’est réellement prise. La Roumanie est un pays européen, et dans ce cadre il est nécessaire d’accepter une formation dispensée dans ce pays, et validée par le ministère.
Les étudiants permettent, grâce aux frais d’inscriptions, un accessit gratuit pour les jeunes roumains qui souhaitent devenir médecins. De plus former un médecin à l’étranger est très intéressant au niveau pécuniaire ; l’État français n’a rien à débourser.
Au-delà de ces remarques, nous devons penser à ces futurs confrères mal préparés à la pratique médicale future. Même si ces jeunes représentent la frange bourgeoise des étudiants qui n’ont pas obtenu le concours, il faut penser à leur avenir. Doit-on accepter de les laisser avec un tel niveau de formation ou doit-on leur tendre la perche ?
À une période où diverses associations corporatistes aident les confrères en burn-out, n’est-il pas raisonnable de nous mobiliser pour ces jeunes ? Les marginaliser est une erreur grossière car nous devons rester avant tout des partenaires et nous devons considérer que leur situation est avant tout une manœuvre manichéenne.
En conséquence, pour être simple, et efficace, pourquoi nos universitaires ne pourraient-ils pas proposer une remise à niveau de ces étudiants, et exiger (via notre ministre) une formation de 6 mois à 1 an auprès de praticiens libéraux avant qu‘ils passent les ECN ?
Les généralistes sont pour la plupart passionnés par leur pratique. Je pense que nombreux sont ceux qui accepteraient cette expérience. De cette manière il serait possible de garder le contact, et mettre en avant une valeur que nous devons défendre : la confraternité.
Restons fiers de notre profession, et donnons toutes les clés pour que les futures générations (qui nous soigneront) obtiennent un niveau de compétence au-delà de nos espérances. Bien entendu, cela doit s’accompagner d’un véritable débat concernant la possibilité pour les étudiants français de poursuivre les études en Roumanie ; mais la réponse à cette question reste dans le camp de notre ministre de la Santé.
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