Après l'ouverture jeudi, deuxième journée de congrès FMF à Marseille et ce vendredi matin, c’est l’intervention du directeur général de la CNAMTS Nicolas Revel qui était (très) attendue. Mais sans doute pas autant que la ministre de la Santé Agnès Buzyn, dont l’absence lors de ce congrès a été vivement regrettée par le président de la FMF Jean-Paul Hamon, qui n'a pas pour habitude de mâcher ses mots. « Ce matin, une ministre est à Marseille, il s’agit de la ministre de la culture. Pour elle visiblement, le devoir de réserve ne s’applique pas". Et d'insister : "Les médecins sont inquiets des signaux envoyés à la nouvelle ministre, qui est certes ouverte au dialogue, mais qui préfère aller à un congrès d’hospitaliers et éviter de venir rencontrer les membres du premier syndicat de médecins libéraux ayant signé la convention ».
La messe était dite, avant même de saluer Nicolas Revel, l’homme qui, d'après les mots de Jean-Paul Hamon, « murmure à l’oreille du président ». Un mot également sur les nouvelles fonctions de Jacques-Olivier Dauberton, ex président du syndicat de jeunes REAGJIR, en charge des crises sanitaires et des libéraux de santé au cabinet Buzyn. « Les médecins libéraux sont inquiets car dans l’organigramme du ministère, celui qui est désigné responsable des médecins libéraux est officiellement responsable des crises sanitaires. On aurait bien aimé que le rôle de Jacques Olivier Dauberton, adepte du tiers payant et de la fin du paiement à l’acte, soient clairement défini », se désole avec ironie le généraliste de Clamart.
Des négociations sur la télémédecine
Les formules de politesse étant prononcées, le directeur de la CNAMTS a ensuite pris la parole devant les quelque 200 adhérents de la FMF. Une première pour Nicolas Revel, qui ne s’était jamais rendu à un congrès de la FMF depuis sa nomination en 2014. « Pourtant, j’ai l’impression d’avoir avec vous un dialogue ininterrompu. Nous avons rapidement pris l’habitude d’avoir des échanges, qui sont toujours pratiques… et toniques », confie-t-il avec le sourire. Après avoir rappelé les différentes étapes conventionnelles qui ont rythmé les relations entre le syndicat et l'Assurance maladie ces dernières années, Nicolas Revel a également fait le bilan, quasiment un an après la signature. « Des engagements ont été tenus. Des avenants ont été signés : l'Avantage maternité, la Rosp enfant, les solutions de télémédecine ».
C’est d’ailleurs sur ce dernier point que l’invité du jour a affirmé sa volonté « de franchir un cap, dès 2018 », avouant à demi-mot l’échec des expérimentations prévues dans la LFSS 2014, qui n’ont qu’à peine démarré. « Nous sommes en retard. Les expérimentations suivies de décrets, d’arrêtés, qui font que les choses démarrent au bout de trois ans n’ont pas l’efficacité souhaitable », ajoute-t-il, évoquant tout de même les travaux et l'avenant sur la télémédecine en Ehpad signé en mars. Mais pour la patron de la Cnamts, il faut aller plus loin «La loi doit autoriser l’assurance maladie à ouvrir une négociation conventionnelle, permettant de prendre dans le droit commun, les téléconsultations et les téléexpertises ». Pour Nicolas Revel, la rémunération des médecins leur permettra en effet « de comprendre comment ca marche, de s’équiper et de pratiquer ces actes, dont je pense qu’ils seront une des réponses à ces questions de tensions territoriales et démographiques ».
La messagerie Apicrypt dans le forfait strcuture
Une seconde annonce a provoqué les applaudissements des troupes de la FMF. Le président du syndicat avait en préambule rappelé à Nicolas Revel son attachement à ce que la plateforme de messagerie sécurisée Apicrypt, utilisée par 70 000 professionnels de santé, obtienne le statut d’ « hébergeur de données de santé » auprès de l’Agence nationale des systèmes d'information (ANSSI). « Si l’APHP communiquait par ce biais les courriers qu’elle envoie à ses correspondants, elle économiserait 6,6 millions d’euros par an », martèle Jean-Paul Hamon, qui milite pour que ce système d’information, qui existe depuis 20 ans, soit largement étendu.
Sur ce point, Nicolas Revel a rassuré le président la FMF : « Je suis ce dossier de manière vigilante car Jean-Paul hamon me le rappelle tous les 8 jours, plaisante-t-il. C’est une messagerie qui s’est développée bien plus que toutes les autres. Il est juste impensable qu’Apicrypt ne soit pas reconnue et intégrée dans l’espace de confiance. Mais je ne suis pas en charge de ce sujet, je ne suis pas l’ANSSI ». Et se poursuivre : « La seule contribution à ce sujet que je puisse apporter, c’est de l’intégrer au forfait structure ». Ainsi, les utilisateurs d’Apicrypt - très nombreux à la FMF- bien que non reconnus par l’ANSSI, pourront satisfaire au prérequis « avoir une messagerie sécurisée de santé », qui permet de toucher le forfait structure, entré en vigueur au 1er janvier, et qui correspond au volet organisationnel de l’ancienne Rosp.
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