Jamais deux sans trois. Face à la crise sociale qui touche les services d'urgence depuis plus de 6 mois, Agnès Buzyn a présenté ce lundi son troisième plan pour tenter d'endiguer la crise – 249 sites sont encore en grève selon le collectif Inter-Urgences. Les précédentes mesures présentées par Agnès Buzyn en juin représentaient 70 millions d'euros. Mais ni la prime de risque mensuelle de 100 euros versée depuis juillet aux infirmiers et aides-soignants ni les 15 millions d'euros débloqués pour recruter cet été n’ont suffi à apaiser les tensions à l'hôpital.
Cette fois, s'appuyant sur un rapport du député LREM Thomas Mesnier et du Pr Pierre Carli, président du conseil national de l’urgence hospitalière (CNUH), la ministre a annoncé un plan d'une autre ampleur avec 750 millions d'euros mis sur la table « dont 80 % sont dédiés à des moyens humains, a précisé Agnès Buzyn. L'heure n'est plus au constat mais aux solutions », a-t-elle affirmé.
Numéro d'appel toujours pas tranché
Comme mesure prioritaire (340 millions d'euros), le gouvernement entend développer d'ici l'été 2020 « un service distant universel pour répondre à toute heure à la demande de soins des Français » : le Service d'accès aux soins (SAS). Cette plateforme opérationnelle 24h/24 permettrait au patient d'avoir accès en ligne ou par téléphone à « un conseil d'un professionnel de santé, une téléconsultation, du télésoin, une consultation sans rendez-vous ou un service d'urgence », précise le ministère sans pour autant dévoiler si elle sera accessible par le 15 ou un autre numéro.
Cette plateforme SAS serait pilotée de concert par le SAMU et les régulateurs libéraux membres des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). L'outil doit également intégrer une carte permettant de localiser « les structures disponibles à proximité de chez soi pour répondre à sa demande de soins : cabinet médical ou paramédical, pharmacie de garde, service d’urgence avec estimation du temps d’attente pour les soins courants etc. ».
Concernant la question du numéro unique de santé, la ministre n'a toujours pas tranché et se donne jusqu'en novembre pour concerter l'ensemble des acteurs hospitaliers et libéraux. Agnès Buzyn a toutefois écarté la possibilité d'un numéro dédié à la régulation libérale, comme le prônent les syndicats de médecins de ville avec le 116 117. La ministre plaide davantage pour « une interconnexion entre les différentes voies d'accès, qu'elles soient libérales, hospitalières ou mixtes ».
Des MMG près de 50 services d'urgence
Pour réorienter les soins non programmés relevant de la médecine libérale vers la ville, Agnès Buzyn compte sur le déploiement des CPTS, dont l'une des missions est l'organisation de soins sans rendez-vous. La ministre compte également installer des maisons médicales de garde à proximité de 50 services d’urgence importants comptabilisant plus de 50 000 passages par an (10 millions d'euros).
D'autres mesures à destination de la médecine de ville, déjà annoncées la semaine passée, ont été confirmées, à savoir : la possibilité pour le SAMU de solliciter un transport sanitaire pour conduire un patient à un rendez-vous en libéral ou encore l'accès direct à des examens de biologie dans le cadre de consultations sans rendez-vous en ville. La systématisation du tiers payant lors des gardes pour la part AMO sera aussi mis en place « rapidement », a affirmé la ministre, assurant que le tiers payant sur la part complémentaire suivrait dès 2020.
Accès direct au kiné en cas d'entorse... et de lombalgie
Malgré les polémiques et un accueil divisé chez les médecins libéraux, le gouvernement entend également poursuivre le développement de protocoles de coordination avec les pharmaciens et les paramédicaux (27 millions d'euros). D'ici à la fin de l'année et après avis de la HAS, deux protocoles permettant un accès direct aux kinés seront mis en place pour la traumatologie bénigne (lombalgie aiguë et entorse de cheville). Quatre autres protocoles permettant la prise en charge par les pharmaciens et les infirmiers « de pathologies simples » seront également instaurés. Agnès Buzyn a notamment cité un « protocole cystite » comme exemple.
Le gouvernement se lance également l’objectif « zéro passage aux urgences évitable » d’ici 5 ans pour les personnes âgées. Des moyens spécifiques seront alloués aux établissements afin d'organiser des admissions directes en service hospitalier depuis le domicile ou un EHPAD sans passer par la case urgences.
Enfin, les SAMU devraient à l'avenir être équipés en télémédecine. Le plan Buzyn prévoit de permettre le transfert de flux vidéo entre l’appelant et le médecin régulateur afin d'améliorer la qualité des appels et « d’orienter plus finement les patients vers l’offre de soins adaptée à leur état ». En pratique, l'utilisation d’un portail web permettra aux médecins régulateurs de déclencher à distance la caméra du téléphone portable des appelants, avec leur accord.
Article mis à jour le 10/09/2019 à 10h35
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