« Oui à la déconcentration, non à la décentralisation. » Interrogé par Guy Vallancien, Olivier Véran a été très clair. L'État français était et demeure jacobin. Redistribuer le pouvoir aux régions dans le domaine de la santé n'est pas inscrit dans l'agenda du gouvernement. La crise sanitaire du printemps dernier aurait-elle révélé, disons des dysfonctionnements au niveau du pouvoir central ? Sûrement pas, rétorque le ministre des Solidarités et de la Santé dans un vibrant plaidoyer en faveur de l'action de l'État. « Qui a fait la distribution des masques ? Qui a créé le lien entre les services d'hospitalisation à domicile et les Ehpad ? Entre les filières hospitalières et les Ehpad ? Qui a installé le numérique, la télésanté ? Qui a assuré le transport sanitaire ? » À l’évidence, les parlementaires auraient mieux à faire que de créer des commissions parlementaires sur la gestion de crise ! Simple concession à l'air du temps, à la suite du Ségur de la Santé, les collectivités territoriales seront autorisées à participer aux prises de décision concernant les investissements et aussi à les financer…
Europe de la santé
Bref on ferme la porte à l'intérieur mais on l'ouvre sur l'Europe de la santé. « Je suis d'accord pour que l'on aille vers davantage d'intégration des politiques publiques. » Et de proposer un modèle : « Avec mes copains, ministres de la Santé des Pays-Bas, d'Allemagne et d'Italie, on a créé le consortium Tiva. On ne peut pas en effet avancer à 27 pour contractualiser avec les laboratoires. Or, dès qu'un vaccin aura fait la preuve de son efficacIté, on doit pouvoir en faire bénéficier l'ensemble des Européens. On a donc été voir AstraZeneca qui collabore avec l'université d'Oxford et dispose d'un vaccin au développement avancé. Nous avons fait une précommande de trois cents millions de vaccins après avoir négocié sur différents points. Nous sommes ensuite allés voir la Commission européenne. Ils ont récupéré cet accord et en ont négocié de nouveaux avec d'autres laboratoires. Nous nous sommes ensuite retirés. »
Cette conviction européenne s'inscrit dans le temps long de l'engagement politique : « J'ai écrit il y a plusieurs années une tribune dans les Echos qui avait pour titre l'Europe de la santé, cet impensé politique. L'Europe de la Santé est un moyen de se rapprocher de la population, des citoyens, de parler du quotidien. La santé est une thématique qui parle aux gens. C'est un sujet de proximité. »
Au-delà de la lettre d'intention, jusqu'où l'État français sera-t-il prêt à accepter une perte de souveraineté alors que jusqu'à ce jour, les différents gouvernements qui se sont succédé ont lutté pied à pied contre toute perte de compétences dans ce secteur ? Un ségur de la santé publique sera lancé dans les prochaines semaines. Et pourquoi pas un ségur de l'Europe de la santé, voire une convention citoyenne ?
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