« Oui, par manque de moyens, la pédopsychiatrie doit depuis des années trier les enfants », alerte, dans une tribune relayée sur le site du Monde, le collectif Pédopsy 93, qui regroupe l’ensemble des chefs de service de pédopsychiatrie et des médecins de centres médico-psychologiques de Seine-Saint-Denis.
Chaque jour, les soignants du secteur s'infligent un tri quotidien et s'interrogent sur leurs choix. « Qui prendre en soins lorsque l’on ne peut pas prendre tout le monde en soins ? Les enfants les plus gravement atteints, car ils n’ont pas d’autre lieu de soins que les nôtres ? Les adolescents suicidaires, car leurs vies sont menacées ? Les plus petits, car on aura plus de chances d’infléchir leur trajectoire développementale ? Les cas les plus « légers », car ils prendront moins de temps pour être soignés ? Bébés, enfants, ados ? », questionnent-ils.
18 mois pour un rendez-vous
Les services de pédopsychiatrie et les médecins des centres médico-psychologiques sont débordés faute de moyens. Ils ne peuvent plus « répondre aux multiples sollicitations », informent-ils.
Ils dénoncent : « L’attente pour un premier rendez-vous atteint dix-huit mois dans les villes de Seine-Saint-Denis. Au rythme du développement de l’enfant, ces délais sont insupportables, et la plupart du temps, les difficultés se seront aggravées ».
Cette situation mène à l'épuisement des soignants et les empêche de remplir leurs missions premières ; « accueillir, soigner et, si possible, prévenir », regrettent-ils.
Appel à une aide massive et urgente
Cela conduit à « une crise des vocations », alertent les signataires de la tribune qui constatent qu'« il est de plus en plus difficile de recruter des soignants pour la santé mentale des mineurs. »
Face à ce « constat alarmant dans le département de Seine-Saint-Denis » les professionnels de santé - qui jugent insuffisantes les mesures de rattrapage déjà engagées par le gouvernement (20 millions d'euros en 2022 pour l'ensemble de la France) - réclament aux pouvoirs publics « une aide massive et urgente ».
« Ce ne sont pas les professionnels qui « trient » mais la France qui trie ses enfants, et délaisse ceux du 93 », finissent par résumer ces spécialistes.
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