Ce 16 novembre marque la naissance d’une nouvelle fédération qui n’existait pas encore, celle des soins primaires. Représentants* de généralistes, centres de santé, maisons et pôles de santé, infirmières, podologues, pharmaciens ou encore sages-femmes étaient réunis mercredi autour de la table pour participer à ce lancement. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine résume ainsi les objectifs de ce nouveau rassemblement : « répondre aux nouvelles demandes du patient, avoir une visibilité pour être incitateur et interlocuteur des pouvoirs publics, intégrer les nouveaux outils de la e-santé et tracer les interventions des uns et des autres pour gagner du temps sur le terrain ».
« Avant on transposait le système hospitalier à la ville et à force de traiter des maladies on a oublié de s’occuper des patients, or l’inverse est beaucoup plus efficace », souligne Claude Leicher, président de MG France. Selon lui, pour faire évoluer le système, le secteur des soins primaires doit être représenté à un haut niveau. L’idée est donc de « penser les choses avant d’aller voir les pouvoirs publics » pour gagner en efficacité. Un positionnement d'autant plus stratégique que la loi de santé prévoit de relancer les coopérations avec les professionnels de l'ambulatoire sur le terrain.
La question est aussi de savoir si différentes professions et modes d’exercice seront capables de s’entendre, car l'originalité de ce rassemblement est d'associer aussi les professionnels salariés. « La notion de travail en équipe est ancienne chez nous », note Frédéric Villebrun, secrétaire générale de l’Union syndicale des médecins des centres de santé, « mais une coordination beaucoup plus large avec les libéraux est nécessaire. Le consensus ne sera pas forcément facile mais j’espère qu’on pourra porter des objectifs communs de façon forte face aux décideurs ». « Il faut assumer ce changement culturel et abandonner nos corporatismes », ajoute Didier Ménard pour la fédération des maisons et pôles de santé. Pour ces différents acteurs, s’entendre commence déjà par considérer tout le monde sur un pied d’égalité. « Aujourd’hui on veut penser le médecin traitant dans une communauté, à égalité de devoir et de droit, ni au-dessus, ni en dessous des autres professions » souligne Claude Leicher.
Pour l’instant la Fédération des soins primaires n’en est qu’à son commencement. A l’heure de rédiger les statuts il est trop tôt pour déjà annoncer une orientation politique, disent ses promoteurs. Pour autant, on retrouve certains partenaires traditionnels de MG France, comme les pharmaciens de l'USPO ou les infirmières du SNIIL, tous trois à l'origine d'un "collectif pour les soins primaires" en juin 2014. La liste des participants n’est pas close, des organisations de kinés et dentistes pourraient être les prochains à grossir les rangs. Mais ce rassemblement se présente pour l'heure un peu comme un anti-CNPS, du moins pour sa composante libérale, ses animateurs ayant tous en commun de ne pas figurer au sein du bureau du Centre National des Professions de Santé. Les fondateurs de la nouvelle Fédération protestent néanmoins de leur œcuménisme : la porte reste ouverte pour tous.
*USPO, MG France, SNIIL, UNAP-SNP, FNCS, ASALEE, USMCS, FFMPS, ANSFL
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