Prévention, accès aux soins, qualité des soins, innovation... Agnès Buzyn a dévoilé ce matin les grands axes de la Stratégie nationale de santé (SNS), sorte de feuille de route santé du prochain quinquennat. Si elle avait déjà tracé les grandes lignes de sa politique lors de son intervention au congrès URPS de La Baule en août, la ministre a précisé le contenu et le calendrier de cette stratégie, qui devrait être affinée tout au long de l'automne, via un processus de concertations. "Cette stratégie doit donner un cap à moyen terme, ce qui nous aidera à mieux piloter les plus grands chantiers en matière de santé", a expliqué la ministre de la Santé. "Son objectif est de donner de la visibilité, de la cohérence à l'action collective de tous les ministères en matière de santé" ajoute-t-elle.
Diagnostic et prévention
Pour élaborer cette stratégie, qui doit prendre à terme la forme d'un décret avant le 31 décembre 2017, trois étapes seront nécessaires. La première, celle du diagnostic. Tout l'été, un travail mené par le Haut conseil de la Santé publique (HCSP) a permis l'édition d'un rapport sur "l'état de santé de la population, de ses déterminants et des stratégies d'action envisageables pour l'avenir", qui servira de socle à la Stratégie nationale de santé. Ces travaux présentés hier mettent en avant "une espérance de vie élevée mais une mortalité prématurée et une mortalité évitable encore trop élevées".
De même, le rapport pointe du doigt une "augmentation constante des maladies chroniques", "des inégalités territoriales et sociales de santé marquées" et un "poids croissant des limitations et de la dépendance". "Le rapport nous invite à ne plus réfléchir en silo, par spécialité ou par pathologie", poursuit Agnès Buzyn. Il préconise notamment de sortir du modèle du "tout hôpital". "Il nous appelle à renforcer la place des soins ambulatoires et des soins de premier recours pour mieux concilier proximité et qualité des parcours de soins", confirme la ministre.
Les conclusions de ce rapport ont ainsi permis de décliner les quatre priorités de la Stratégie nationale de santé, qui seront soumises à une concertation auprès des représentants professionnels, des établissements de santé, des élus ainsi que des usagers. Premier axe, "la prévention et la promotion de la santé, tout au long de sa vie et dans tous les milieux". Déjà affirmée comme l'une des priorités du gouvernement, la prévention occupe une place centrale de la stratégie. Les objectifs portent entre autres sur la promotion d'une alimentation saine et de l'activité physique, la prévention des maladies infectieuses, la lutte contre le tabagisme et l'alcool... "En matière de prévention notamment comme je l'avais annoncé, un programme de santé publique donnera de la cohérence et de la visibilité aux très nombreux plans existants. L'objectif sera d'en simplifier le pilotage et le suivi", précise Agnès Buzyn.
Accès aux soins et innovation
Deuxième axe prioritaire, celui de "la lutte contre les inégalités sociales et territoriales d'accès à la santé". Sur ce point, l'heure des grandes annonces n'a pas encore sonné puisque la ministre dévoilera début octobre son plan sur l'accès aux soins et les déserts médicaux. La troisième priorité sera celle de "la pertinence et la qualité des soins". Ici aussi, pas de nouveauté puisque la ministre avait déjà fait savoir son souhait d'une réflexion sur la tarification à l'activité qui doit selon elle "mieux prendre en compte les parcours, la qualité et la pertinence des soins". Et d'ajouter sur ce point : "La formation des professionnels sera un levier indispensable pour développer cette culture et ce souci permanent de la qualité des soins".
Enfin, à l'heure où les avancées sur la télémédecine et la télé expertise se font attendre impatiemment, la quatrième priorité portée par la stratégie de santé sera celle de l'innovation. Sur ce point, la ministre a donné le ton : "Nous devons nous donner les moyens de repérer et de sélectionner très tôt les projets à fort potentiel et mieux les accompagner. Nous devons mieux associer les patients les plus âgés et les professionnels qui sont les premiers concernés par ces évolutions, par exemple en matière de télémédecine et d'objets connectés".
Concertation
La prochaine étape sera donc celle du choix des grandes orientations de la stratégie, via diverses concertations auprès des autres ministères concernés (Éducation, Environnement, Travail...), mais aussi des syndicats de professionnels, des établissements de santé... "J'ai demandé aux directions du ministère de la santé de lancer une large concertation. Dès la semaine prochaine et jusqu'à mi-octobre, ils recueilleront en mon nom leurs attentes et leurs propositions sur quatre thèmes qui sont prioritaires", ajoute la ministre. Concertation aussi auprès des usagers dès le mois de novembre : "Une consultation publique se tiendra en novembre et permettra l'adoption de la stratégie. Les orientations seront mises en ligne sur un site internet sur lequel les Français pourront réagir et soumettre leurs propositions", annonce Agnès Buzyn.
Dans le même temps, la conférence nationale de la santé et le Haut conseil de la santé publique seront consultés. La stratégie deviendra officielle dès la publication d'un décret rattaché à la loi Santé 2016, avant le 31 décembre de cette année. Elle sera mise en application dès 2018 dans les territoires via des "projets régionaux de santé" qui doivent être définis par les ARS. "Les priorités de la stratégie trouveront là une application concrète adaptée aux caractéristiques de chaque territoire", précise la ministre. "Au niveau national, la stratégie sera mise en œuvre de façon concrète dans le cadre des plans et programmes que nous allons construire", conclut-elle.
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