Quand Buzyn affirmait que « le masque bleu n’apporte aucune protection » contre les virus

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Publié le 04/03/2020
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Buzyn LCI

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Crédit photo : Capture d'écran

Confrontées à un faible nombre de masques chirurgicaux et à une pénurie de masques FFP2, les autorités sanitaires ont revu ces derniers jours la stratégie de protection du corps médical contre le coronavirus. 

La Direction générale de la Santé (DGS) préconisait encore il y a quelques jours dans un guide sur son site, le port d'un masque FFP2 pour les soignants d’un patient classé « cas possible » ou « cas confirmé » (p.17). Dans de nouvelles consignes mises en ligne en début de semaine, la direction du ministère de la Santé recommande désormais aux médecins libéraux le port d'un masque chirurgical – de même que le patient pour éviter tout risque de contamination. Les masques FFP2 sont quant à eux « réservés aux personnels hospitaliers [...] qui réalisent des gestes médicaux à risque », selon une note de la DGS sur le port des masques mise en ligne mardi. 

Comme nous le révélions mardi, les médecins généralistes et spécialistes mais aussi l'ensemble des professionnels de santé libéraux qui seront amenés dans les prochains jours les patients atteints du Covid19 ne disposeront pas des masques FFP2, les plus adaptés contre les virus respiratoires. Ils devront se contenter de masques chirurgicaux à retirer à partir de cette semaine en nombre limité (boîte de 50 unités) en pharmacie.

Ou sont les dizaines de millions de masques en stock ?

Alors que les médecins et les patients ne peuvent se procurer qu'au compte-gouttes les masques chirurgicaux pour se protéger contre le coronavirus, on peut se demander si ce rationnement était évitable. 

La France devait théoriquement disposer d'un stock stratégique de masques pour parer à tout risque d'épidémie. C'est du moins ce qu'affirmait encore il y a moins de six semaines Agnès Buzyn, encore ministre de la Santé, sur le plateau de LCI.

« Nous avons des dizaines de millions de masques en stock en cas d’urgence de santé publique pour l’émergence d’un virus ou d’une bactérie. Donc tout ça est parfaitement géré par les autorités, et si un jour il fallait porter un masque, nous le distribuerions, il n’y a absolument aucune raison d’aller en acheter en pharmacie », déclarait la ministre le 26 janvier, alors que l'épidémie n'avait pas encore officiellement franchi nos frontières.

« Le masque bleu utile uniquement lorsqu’on est malade »

Lors de cet entretien, la ministre tentait de rassurer la population et de la dissuader de dévaliser les pharmacies. Agnès Buzyn se voulait pédagogue : « Il faut distinguer les masques FFP2, masques respiratoires de protection contre la grippe ou les virus comme le coronavirus, et les masques chirurgicaux », expliquait-elle.

La ministre rappelait alors que le masque FFP2 est bien le plus adapté au virus que l'on appelle dorénavant Sars-CoV-2. Elle rappelait que « le masque bleu, qu’on appelle masque chirurgical, est utile uniquement lorsqu’on est malade pour éviter de contaminer les personnes autour. C’est un masque qui ne se porte que si l’on est soi-même en train de tousser ou lorsque l'on a de la fièvre. »

La ministre portait un jugement sans appel sur l'utilité du masque chirurgical. « On ne se protège pas soi-même en portant ce masque bleu, il n’apporte aucune protection. Donc ça n’est pas un masque qui sert à se protéger d’un virus. »

Les médecins et autres professionnels de santé libéraux à qui l'on demande aujourd'hui de se contenter de ce masque apprécieront.


Source : lequotidiendumedecin.fr