Éditorial

Super Buzyn

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Publié le 11/02/2019
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Jean Paillard

Jean Paillard
Crédit photo : S. Toubon

Est-ce un cul-de-sac ou un tremplin ? Le portefeuille de la Santé aura en tout cas permis à nombre de ses titulaires de se faire une petite place dans la cour des grands, alors qu’ils étaient à leur nomination presque novices en politique. Et si le poste est encore perçu comme un maroquin technique où tous les coups sont à prendre, il aura quand même valu à certains d'y acquérir notoriété, voire popularité. C’est le cas de Xavier Bertrand, que les médecins connaissent pour sa réforme du médecin traitant. Aujourd’hui replié sur ses Hauts-de-France -d’où il attend son heure — il vient d’être désigné « personnalité politique de l’année ». Son actuel successeur Agnès Buzyn a pour sa part été sacré « ministre de l’année » par un jury de journalistes politiques réuni par les éditions du Trombinoscope. À peu près inconnue du grand public lors de sa désignation par Emmanuel Macron, l’hématologue n’a cessé depuis de consolider sa stature. En mai 2017, elle est arrivée avenue de Ségur avec sous le bras ses dossiers de la HAS et un parcours météorique de patronne d'agence. 20 mois plus tard, elle est devenue une pièce maîtresse du pôle social du gouvernement. Depuis la rentrée, elle s’est même vu adjoindre deux secrétaires d’État, surfant sur la nécessité pour le gouvernement de renforcer son aile « gauche ». Et la voilà aux commandes de réformes qui peuvent réconcilier le pouvoir actuel avec son électorat. Dépendance, bioéthique, protection de l’enfance, mais aussi retraite : de la réponse qui sera apportée à ces sujets de société dépendra, d’ici à la fin du quinquennat, la remontée de l’équipe en place, déjà sensible dans l’opinion. On aurait garde bien sûr d’oublier la santé, puisque la loi « Buzyn » arrive mercredi en conseil des ministres. Si pour le citoyen lambda, le chantier reste abscons, il n’a jusque-là pas provoqué trop de remous dans le corps médical. Une petite prouesse qui mérite évidemment confirmation dans les prochains mois. A suivre...

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9723