La désertification médicale, la ministre de la santé en a d'ores et déjà fait sa priorité. Dès la rentrée, Agnès Buzyn dévoilera en effet un "plan d'action de grande ampleur" face à la pénurie de médecins. C'est pourquoi la CSMF a sorti ses cahiers de vacances un peu avant l'heure. Son président Jean-Paul Ortiz -qui a plusieurs rendez-vous mercredi prochain à la DGOS, à l'Assurance maladie, ainsi qu'avec Olivier Véran, à l'Assemblée nationale- a présenté jeudi matin les enjeux de la nouvelle politique de santé et ses propositions pour remédier au manque de médecins.
La CSMF souhaite tout d'abord que le gouvernement agisse à la source, en réformant la formation. Conscient que les études médicales doivent être revues dès la PACES, Jean-Paul Ortiz et son équipe souhaitent que les stages de 2e et 3e cycles s'orientent d'avantage vers la médecine de ville. "Un stage de découverte du libéral doit être effectué dès le 2e cycle, et pas seulement dans les zones CHU", propose-t-il. De même en 3e cycle, la CSMF veut que des stages d'un an en médecine générale soient privilégiés dans les zones déficitaires, via des aides incitatives pour le logement de l'étudiant et des remboursements de frais de déplacement. Accueillir ces futurs médecins signifie aussi plus de maîtres de stage, qui doivent être encouragés en "améliorant l'indemnité ou en offrant un avantage fiscal dans les zones sous-dotées", poursuit-il. Enfin, la CSMF propose de décentraliser les cours obligatoires de 3e cycle - souvent une journée par semaine - dans les préfectures de chaque département, pour éviter les allers-retours des internes dans leurs facultés.
Moins de charges administratives
Outre les changements dans la formation, c'est dès l'installation que les règles devront être assouplies selon le syndicat. Il demande que les statuts intermédiaires se développent et que la réglementation soit moins contraignante : "Une simple déclaration auprès de l'ordre devrait suffire", affirme Jean-Paul Ortiz, qui aimerait voir faciliter les statuts de remplaçant, d'assistant libéral, de collaborateur ou d'associé. De même, il souhaite développer le salariat entre médecins et créer des chargés de mission départementaux au sein des ARS et des URPS pour aider les médecins dans leurs démarches.
L'installation des jeunes médecins doit également se conjuguer avec celle du conjoint, avec un accompagnement vers l'emploi pour celui-ci et la scolarisation des enfants, grâce à l'implication des collectivités locales. "Comme cela a pu se faire en Aveyron", précise le président de la CSMF. Et si l'exercice de groupe est aujourd'hui privilégié, la création de lieux de consultation médicale dans les zones isolées semble mettre d'accord le syndicat et la ministre de la Santé, qui a déjà évoqué la possibilité de mettre des médecins détachés en zone sous-dense à raison de quelques heures par semaine.
Télémédecine, solution numéro 1 ?
Le travail sur l'accès aux soins pour tous ne se fera pas sans prendre en compte les évolutions numériques en santé. La télémédecine sera en effet une des grandes réponses aux déserts médicaux, selon la CSMF. "Demain, les déserts médicaux seront uniquement dus à des déserts numériques", prédit Jean-Paul Ortiz. Le syndicat entend donc bien demander à la ministre d'agir vite et de mettre fin à des expérimentations qui durent depuis des années. Le tout en incluant la télémédecine dans le droit commun et en aidant les médecins à s'équiper en matériel adapté. Que ce soit pour de la télésurveillance, des téléconsultations, de la téléexpertise ou même de la délégation de tâches par télémédecine.
Et comment évoquer le futur du système de santé français sans aussi parler de ce qui a tant divisé gouvernement et médecins sous l'ère Touraine : le tiers payant généralisé ? "Il est indispensable qu'Agnès Buzyn éclaircisse sa position", martèle le néphrologue de Perpignan. Plutôt que de rendre obligatoire le TPG, ce que fustige la CSMF depuis le départ, le syndicat soutient un tiers payant à l'appréciation du médecin. "Nous sommes d'accord pour qu'il y ait une dispense d'avance de frais pour tous si on met en place un système de paiement par débit différé santé", explique Jean-Paul Ortiz.
Et si le syndicat attend beaucoup du futur plan déserts médicaux, le président de la CSMF a tenu à souligner "la prise de position courageuse" de la ministre sur l'obligation vaccinale des jeunes enfants, première grande mesure annoncée par Agnès Buzyn.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes