À l’invitation de la France, dix pays se sont retrouvés, lundi matin, pour « unir leurs forces face à l’industrie du tabac ». Lors de cette conférence ministérielle internationale de lutte contre le tabagisme – la première du genre soutenue par l’OMS-, Marisol Touraine était notamment entourée de ses homologues norvégien, irlandais, britannique, suédois et hongrois. À l’instar de la disposition prévue dans le projet de loi Touraine, tous se sont engagés en faveur des paquets de cigarettes uniformisés. Selon la ministre française de la Santé, il s’agit d’ « un mouvement international en faveur du paquet neutre car c’est l’un des instruments les plus efficaces de lutte contre le tabac ».
Un regroupement des forces vives d’autant plus nécessaire, à ses yeux, que « les industriels rivalisent d’imagination » conférant aux « paquets, trop souvent, des allures de mode ». Alors que l’Australie s’est convertie au paquet neutre dès 2012, celui-ci devrait faire son apparition en France et au Royaume-Uni en mai 2016. Résolument engagée à faire « des enfants qui naissent aujourd’hui, la première génération sans tabac », Marisol Touraine ne manque pas de détermination pour le groupe de pays qu’elle emmène vers la mise en œuvre du paquet neutre : « la bataille a un objectif, faire en sorte que la fin du tabagisme ne soit pas une simple ambition mais devienne la grande victoire du XXIème siècle ».
Si Michèle Delaunay "salue" cette initiative "de lutte contre le tabagisme et de soutien au paquet neutre", l’ex-ministre aujourd’hui députée juge ce dernier dispositifi insuffisante, considérant que "pour être pleinement efficace, son introduction doit être accompagnée (d’une) hausse significative des prix". La députée PS de Gironde plaide en effet pour "augmenter le prix du tabac sur trois ans pour parvenir à un paquet à 10 euros".
En marge de cette réunion parisienne, les buralistes ont mené des actions de protestations. Dimanche en Gironde, lundi en Corrèze et Midi-Pyrénées, ils ont recouvert de sacs en plastique des radars de vitesse. La Confédération des buralistes ne compte pas en rester là et prévoit une mobilisation à Paris ce mercredi, jour d’examen du projet de loi de santé par la commission des Affaires sociales du Sénat.
Les industriels du tabac n’apprécient guère, eux non plus, ces initiatives des gouvernements : "Alors que plus de 26% de la consommation de tabac de l'Hexagone provient maintenant du marché parallèle, je doute que la présence de représentants internationaux parvienne à rassurer les Français sur l'impact du paquet neutre, qui va immanquablement accentuer les distorsions de concurrence entre la France et les pays frontaliers et ouvrir la boîte de pandore des trafics", s'est ainsi alarmé lundi Axel Gietz, directeur des affaires institutionnelles monde d'Imperial Tobacco, maison mère de la Seita. Cette dernière rappelle aussi qu'au Royaume-Uni, où le parlement a donné en mars son feu vert au paquet neutre, les quatre principaux fabricants de tabac contestent cette mesure devant la Haute cour de justice. Au niveau européen, un recours a également été déposé auprès de la Cour européenne de Justice.
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