À la veille de la grève des généralistes, les pronostics sur la mobilisation vont bon train. Du côté de MG France, on affirme qu’entre 80 et 100 % des cabinets libéraux seront fermés dès demain. « L’exaspération est très forte dans la profession », rappelle Claude Leicher, président du syndicat. À l’UNOF, on se risque moins, en annonçant entre 50 et 100 % de médecins grévistes, selon les départements. Luc Duquesnel, son président, précise toutefois que « le taux de participation sera énorme ».
Selon les syndicats, aucune formalité n’est a priori à effectuer pour les généralistes grévistes. À l’exception des médecins de permanence de soins, susceptibles d’être réquisitionnés. Qu’ils soient de garde ou régulateurs, ils doivent informer tant l’Ordre que l’ARS (Agence régionale de santé) dont ils dépendent de leur participation à la grève. À partir de ces déclarations, « le Conseil de l’Ordre de chaque département établira un état des lieux de l’offre de soin sur son territoire », détaille Luc Duquesnel. « Il en informera l’ARS qui, selon les besoins, signera un arrêté de réquisition », poursuit-il : « au préfet ensuite de réquisitionner les médecins ».
L’AMUF confiante
Alors que les généralistes se mobilisent, les urgentistes se démobiliseraient-ils ? En grève aujourd’hui à l’initiative de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), ils réclamaient la réduction de leur temps de travail à 48 heures hebdomadaires et la rémunération des heures supplémentaires. À la mi-journée, Marisol Touraine a indiqué « signer l’instruction concernant l’organisation de leur temps de travail » ce qui, selon elle, « va leur permettre de lever leur préavis ». Les représentants nationaux doivent se réunir ce soir pour en décider. De l’avis de Patrick Pelloux, président de l’Amuf, « si cet accord reconnaît les 39 heures et le décompte des heures supplémentaires à partir des 39 heures, c’est un accord historique pour la profession ». Quant à la Ministre, elle espère que « l’issue favorable » de ses négociations avec les urgentistes « puisse trouver à court ou moyen terme d’autres prolongements avec d’autres professionnels de santé ».
Un vœu qui vise bien sûr à la grève des médecins libéraux qui va débuter... mais pourrait tarder à être exaussé. « On ne peut que se féliciter qu’ils aient obtenu gain de cause », admet Luc Duquesnel, à propos de ses confrères hospitaliers, « mais ça ne veut strictement rien dire par rapport à notre mouvement ». « L’élément déterminant sera l’état de la mobilisation des généralistes », affirme-t-il, ajoutant que les revendications de ces professionnels de santé sont différentes. Claude Leicher n’a lui « aucune idée » sur ce que cet accord entre les urgentistes et la Ministre peut laisser présager pour les généralistes, « sachant que le ministère a toujours eu un tropisme pour les urgences et l’hôpital ».
Au sein du PS, quelques oreilles attentives...
Pour les médecins libéraux, la médiation viendra-t-elle du monde politique qui n’a pas hésité à se faire entendre aujourd’hui. Sans surprise, l’UMP, par la voix d’Arnaud Robinet, secrétaire national du parti en charge de la santé, demande le retrait du projet de loi santé. « Le gouvernement s’enferme dans ses certitudes et n’entend pas la voix des professionnels, qui ont rarement été aussi unitaires dans leur mécontentement », souligne le député de la Marne. Bernard Debré, député UMP de Paris, soutient également l’opposition des généralistes au tiers payant, avec lequel « il n’y aura plus de médecine libérale ». Quant à Eric Wœrth, l’ancien ministre du Budget, il qualifie de "fausse bonne idée" la généralisation du tiers payant.
À gauche, deux discours se font entendre. Du côté de l’aile gauche du PS, on soutient le projet de loi. Et Jérôme Guedj, ancien député de Paris, de défendre Marisol Touraine, lui demandant de « tenir bon ». S’agissant du tiers payant, réforme dont il rappelle qu’elle est l’un des engagements de campagne de François Hollande, il considère qu’ « on ne va pas non plus céder, non pas à des corporatismes mais à des gens qui considèrent que c’est mal, que selon leurs termes ça va être l’étatisation de la Sécurité sociale ».
Mais d’autres au PS font entendre une musique beaucoup plus conciliante vis-à-vis des libéraux de santé. Tel Gérard Bapt, député de Haute-Garonne. A l’entendre, le gouvernement n’a pas suffisamment concerté sur cette réforme du système de santé, fustigeant là « un problème de méthode ». Notant que « les obstacles techniques ne sont pas levés », il s’interroge sur le calendrier de mise en œuvre du tiers payant intégral. Et suggère qu’il avance « sur la base du volontariat ». Cet élu cardiologue plaide par ailleurs pour une remise « à plat de l’ensemble du système de rémunérations pour offrir des perspectives aux généralistes ». Des propos d’ouverture. Mais le gouvernement s’en inspirera-t-il ? «Je suis prête et je l'ai dit, à discuter. Nous le ferons à la rentrée. Pas maintenant, à la rentrée", a répondu la ministre sur France Info, à propos de l'opposition des médecins à la généralisation du tiers payant d'ici à 2017. "Je suis prête à discuter sur les modalités de mise en oeuvre pour garantir bien sûr que les paiements interviendront rapidement et simplement", a-t-elle poursuivi.
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