Éditorial

Tout ça pour ça ?

Publié le 27/06/2014
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À quatre mois de la mi-quinquennat, on ne peut qu’être surpris par le tour pris ces derniers jours par les chantiers en cours dans le domaine de la santé. Après 18 mois de teasing autour de la Stratégie Nationale de Santé, on attendait notamment avec curiosité la loi santé de Marisol Touraine. Las ! Les orientations présentées la semaine passée étonnent par leur insuffisance de cadrage, de chiffrage et, pour tout dire, de ligne directrice. On peut y voir soit un inventaire de dispositifs déjà actés, soit une symphonie de concepts ambitieux – « service territorial de santé », « parcours patients » « parcours éducatif en santé »... – dont on peine à comprendre comment ils seront mis en musique.

Sauf surprise dans les prochains mois, la réforme Touraine ne sera donc pas la grande loi qui marquera la décennie. à l’inverse du Plan Juppé, de la réforme Douste-Bertrand, de la loi « HPST » – auxquels on doit l’Ondam, le dispositif «?médecin traitant » ou les ARS – cette « loi de santé » ne devrait guère rester dans les annales, en tout cas si elle restait en l’état. à part changer le nom du DMP, promettre de réviser le DPC et acter l’extension du médecin traitant aux moins de 16 ans, Marisol Touraine botte en touche, y compris sur le calendrier, puisque cette réforme annoncée au début de l’été ne se discutera pas au Parlement avant 2015. Malgré – et peut-être à cause de – ce flou, la ministre de la Santé réussit pourtant l’exploit de provoquer la fureur ou, à tout le moins, la perplexité des syndicats de médecins, avec un tiers payant généralisé qui inquiète toujours autant vos représentants.

Décidément, sur les réformes de santé, le gouvernement donne l’impression de caler. Concernant la fin de vie, le tempo vient encore une fois d’être modifié par Matignon avec la désignation d’une énième mission sur le sujet. Jean Léonetti-Alain Claeys, ce tandem de haut vol va devoir trouver une solution de consensus sur un sujet qui l’est de moins en moins. On peut en tout cas parier que leur travail sonnera le glas des audaces du gouvernement sur les réformes de société. En clair, plus question de légaliser l’euthanasie, au grand dam d’une grande partie de la majorité. Au total, tout se passe comme si, en fait de bilan santé, l’équipe Valls se contentait des bons résultats engrangés sur la maîtrise des dépenses. Qu’on se rassure, au moins sur ce chantier on continuera à avancer, s’il le faut à marche forcée. Car il y a 10 milliards d’euros d’économies à trouver. Et Bruxelles ne se contentera pas de demi-mesures...


Jean Paillard, directeur de la rédaction

Source : Le Généraliste: 2689