Les syndicats monocatégorielles de médecins généralistes prennent les devants et ont décidé dès maintenant de « peser dans le débat présidentiel ». MG France, le syndicat de la médecine générale (SMG) et celui des jeunes (SNJMG) font à ce titre une proposition commune pour demander l’exonération du ticket modérateur en soins de santé primaires. « Nous défendons des valeurs syndicales de l’accès aux soins et de lutte contre les inégalités de santé » explique le Dr Patrick Dubreil président du SMG, qui campe à gauche de la profession. La prise en charge complète par le régime obligatoire pourrait, selon eux, permettre de faciliter l’accès aux soins de ceux qui sont trop « riches » pour avoir le droit à la CMU et trop « pauvre » pour financer une complémentaire santé, « soit 5% de la population générale d’après les chiffres de la Dress » rappelle Claude Leicher.
Des inégalités d’accès aux soins dont les généralistes sont les premiers témoins: « les jeunes médecins, très vite dans leur exercice se retrouvent confrontés à ces situations de précarité » souligne Emilie Frelat, présidente du SNJMG, d’où l’intérêt selon les trois syndicats d’introduire ce sujet dans le débat public. Selon Claude Leicher cette proposition est « en cohérence » avec le système de santé et la volonté de prendre un virage ambulatoire et une réorganisation des soins. « On a l’impression qu’on se dirige vers un marché de la santé, estime Claude Leicher, toutes les mesures mises en place ne sont pas suffisantes. Il existe des travailleurs pauvres, entre le seuil de pauvreté et le SMIC pour qui l’accès aux soins est un problème ».
Zéro dépenses supplémentaires
Contre les arguments qui pourraient s’élever contre les dépenses supplémentaires pour l’Assurance maladie obligatoire d’une telle réforme, les syndicats mettent en avant une proposition « économiquement responsable ». En effet, ils avancent que cette suppression devra s’accompagner d’un transfert des cotisations aux complémentaires vers l’AMO, ce qui en fait, disent-ils, une réforme neutre quant aux cotisations. De plus le fait que tout soit géré par un même organisme, l’AMO donc, permettra, selon eux, de faire des économies de gestion : ils en veulent pour preuve le cas de l'Alsace Moselle qui propose déjà un système équivalent :« les coûts de gestion de ce régime sont de 1,2% alors qu’ils sont en moyenne de 20% au sein des complémentaires santé privées » assurent les syndicats. À cela, ils ajoutent également l'économie des frais de « promotion ou publicité » actuellement dépensés par les complémentaires.
Pour eux cette réforme est donc « intelligente, juste, cohérente et économiquement viable ». Elle est surtout égalitaire car passant par des cotisations sociales, donc en fonction du revenu et non pas de l’âge avec le principe de sélection du risque : « comme c’est aujourd’hui le cas dans quasiment toutes les complémentaires santé ». Les trois syndicats entedent donc ainsi enrayer la création d’un marché de la santé qui « se fera au détriment des prestations et des résultats santé » considère Claude Leicher.
Marisol Touraine n’avait pas donné suite à la lettre des syndicats concernés sur ce sujet en février, mais ceux-ci comptent bien aujourd’hui aller à la rencontre de tous les futurs candidats à la présidentielle pour faire germer cette proposition dans leurs têtes et leurs programmes.
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