Mis en place en 2004, le protocole de coopération Asalée (Action de santé libérale en équipe) est un système de coopération qui a pour but d’améliorer la qualité de prise en charge des patients souffrant de maladies chroniques grâce entre autres à la délégation d’actes de médecins généralistes vers les infirmiers. Le suivi du patient diabétique fait notamment partie de ce dispositif.
Dans le cadre du programme d’évaluation Doctor and Advanced Public Health Nurse Experiment Evaluation (Daphnee), l’Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) vient de publier les résultats d’une recherche qui s’intéresse à l’impact du dispositif Asalée sur la qualité du suivi des patients diabétiques de type 2 en regardant à l’évolution des indicateurs de suivi.
L’étude a donc porté sur 435 médecins généralistes du dispositif ayant intégré l’expérimentation entre 2012 et 2015 et 973 généralistes témoins, ne participant pas au dispositif sur l’ensemble de la période mais ayant des caractéristiques comparables pour respectivement : 18 310 patients diabétiques en « intention de traiter » et 2 943 en « per protocole ».
Amélioration pour la réalisation de l'HbA1c et la microalbuminurie
Sur la période observée, le suivi des patients diabétiques s’est amélioré, que leur médecin fasse partie du dispositif Asalée ou non. Mais l’amélioration est significativement plus rapide pour les patients suivis par un médecin entré dans le dispositif Asalée entre 2012 et 2015, « l’écart entre les groupes cas et témoins augmentant de façon importante avec le temps », note les auteurs.
Pour la réalisation de la créatinémie et le suivi de l’anomalie lipidique, la proportion de patients « bien suivis » est déjà élevée dès 2010, donc l’écart est moins marqué entre patients cas et témoins. En revanche, l’augmentation plus rapide est plus visible pour la réalisation de l’HbA1c, de la microalbuminurie, et dans une moindre mesure de l’ECG.
Surtout, cette amélioration plus rapide en faveur des patients suivis par des médecins entrant dans le dispositif Asalée, est « particulièrement vive pour le sous-échantillon de patients « per protocole », qui ont bénéficié de façon certaine d’un protocole de coopération entre médecin généraliste et infirmière spécifique », précise les auteurs de l’étude. Pour le sous-échantillon de patients en « per protocole », ils sont 32,6 % des témoins et 41 % des cas à être « bien » suivis pour la réalisation de leur HbA1c en 2010, contre respectivement 53,8 % et 75 % en 2017. Une amélioration d’une ampleur similaire (+12,7 %) est constatée pour la microalbuminurie. Les différences sont de 8,2 % pour le fond d’œil ou la consultation chez l’ophtalmologue, 5,7 % pour l’ECG ou la consultation chez le cardiologue, 2,8 % pour la créatinémie et 1,8 % pour le suivi des anomalies lipidiques.
L'impact du binôme
L’étude s’est également intéressée à l’amélioration de qualité du suivi selon « la classe de binômes » formés entre l’infirmier et le médecin, c’est-à-dire selon l’intensité de la coopération.
L’amélioration est plus forte dans les classes dites « mature » et « en croissance ». « Il s’agit des classes de binômes ayant développé une coopération plus intense et une activité Asalée plus prononcée (éducation thérapeutique et réalisation d’actes dérogatoires par l’infirmier) que dans la classe dite « en développement », au sein de laquelle la coopération est moins intense et effective », précise les auteurs. Plus la coopération est ancienne et soutenue, plus les effets se font donc sentir.
L’étude montre donc que le dispositif Asalée a un effet bénéfique sur la qualité du suivi des patients diabétiques. « Ces résultats positifs sont complémentaires de ceux déjà publiés sur les gains d’efficience productive. Ils montrent que le dispositif permet au médecin de suivre un plus grand nombre de patients, pour un temps de travail équivalent, suggérant ainsi que le dispositif permet de sauver du temps médecin », analyse les auteurs. Ils ajoutent qu’il pourrait être intéressant à l’avenir de comparer ce dispositif à celui des infirmiers en pratique avancée.
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