« Nous constatons depuis plusieurs semaines une accélération de la circulation du virus. » Pour sa première conférence de presse hebdomadaire consacrée à l’évolution de la crise sanitaire en France, plusieurs mois après la disparition des points quotidiens du Pr Jérôme Salomon (DGS), Olivier Véran a fait part aux Français de la « dégradation de la situation épidémiologique » du pays évoquée par Jean Castex une semaine plus tôt.
Sans se montrer alarmiste, le ministre de la Santé a présenté plusieurs indicateurs dont l'évolution est inquiétante. Augmentation importante des nouveaux cas (10 593 en 24 h selon Santé publique France), taux d’incidence du Covid-19 en constante hausse, seuil d’alerte étant dépassé dans 53 départements avec plusieurs métropoles durement touchées (Bordeaux, Lyon, Marseille, Nice, ou Paris), hausse des hospitalisations et des admissions en réanimation (30 % des lits occupés en PACA)...
Lors de cette conférence d'une heure, Olivier Véran a tenté de justifier la stratégie du gouvernement contre l’épidémie, expliquant que la protection des personnes vulnérables ou l’application systématique des gestes barrières devaient rester prioritaires. Alors que la gestion de la première phase de l'épidémie, au printemps dernier, avait été menée au niveau national, la deuxième vague tiendra davantage compte de la situation dans les territoires. Le gouvernement a ainsi demandé aux préfets du Rhône et des Alpes-Maritimes de présenter d'ici à samedi de nouvelles mesures locales « pour enrayer la circulation du virus et limiter son impact sur le système sanitaire ».
Après avoir dressé la carte sanitaire, le ministre de la Santé a surtout défendu la politique française de dépistage massif, mise à mal par les très longs délais de rendez-vous et d'obtention des résultats. Il a annoncé que la France était un des pays qui réalisait le plus de tests de dépistage, avec 1,2 million de tests pratiqués la semaine dernière.
La stratégie de dépistage devrait être très peu modifiée dans les jours qui viennent, a affirmé Olivier Véran. Alors que plusieurs voix s'élèvent chez les professionnels de santé (notamment l'URPS d'Ile-de-France, ce jour), pour réclamer un passage chez le médecin avant la réalisation de RT-PCR, le ministre de la Santé a réaffirmé qu'il ne souhaitait pas restreindre l’accès aux tests en laboratoire aux seuls patients munis d’une ordonnance.
Rendre les prescriptions obligatoires pourrait être contre-productif
La prescription obligatoire avant tout dépistage est bien en discussion, a admis le ministre de la Santé. Cependant, cette mesure ne serait pour le moment pas en passe d’être appliquée pour deux raisons. D’abord parce que les délais liés à la prise de rendez-vous chez un médecin généraliste – nécessaire pour disposer d’une ordonnance – risqueraient d’ajouter encore « 24 à 36 heures » pour bénéficier du test. Puis, parce que les personnes positives mais asymptomatiques risqueraient de cesser d’« aller se faire tester », s’inquiète Olivier Véran.
Faciliter l’accès des personnes prioritaires par d’autres moyens
Les personnes prioritaires telles que les personnes symptomatiques, les soignants et les aide à domicile, les cas-contact et les personnes disposant d’une prescription devraient cependant pouvoir accéder plus facilement aux tests, a-t-il avancé. Pour ce faire, des plages horaires sont déjà réservées à ces publics dans certains laboratoires de 8 heures à 14 heures, a rappelé le ministre de la Santé. Des tentes supplémentaires dédiées au dépistage seront par ailleurs installées prochainement dans toutes les grandes villes, dont 20 en Île-de-France. Enfin, de nouveaux types de tests devraient être mis à disposition « dans les prochaines semaines ». Il s’agit de tests antigéniques réalisés sur des prélèvements naso-pharyngés (5 millions ont été commandés pour octobre) et de tests PCR salivaires en expérimentation dont les modalités d’utilisation devraient être précisées rapidement par la HAS.
Alors que le sujet occupe grandement les médecins généralistes en cette rentrée, le ministre de la Santé a indiqué qu’au regard de la faible prévalence des formes graves pédiatriques et de la faible contagiosité des enfants, la stratégie de prévention dans les écoles pourrait être allégée après la parution imminente d'un rapport du HCSP. « Un enfant contaminé doit rester chez lui sept jours mais pas ses camarades », a-t-il précisé.
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