Alors que l’'Assemblée nationale a parfaitement respecté le timing prévu sur la loi de santé, achevant son examen vendredi un peu avant minuit après deux petites semaines de dicussions, tout laisse supposer que la logique politique devrait aussi être respectée lors du vote solennel de la réforme Touraine mardi à 16h00. La majorité devrait en effet se rassembler pour adopter le projet de loi. Synonyme de "justice sociale", pour les socialistes, il est pour eux plus une source de rassemblement que de querelles.
Ecologistes et radicaux de gauche s'acheminent pour la plupart aussi vers un vote positif malgré le sort - souvent défavorable - réservé à leurs amendements, en faveur de davantage de santé environnementale pour les uns, ou pour une meilleure gouvernance de la santé dans les territoires pour les autres. Dominique Orliac, oratrice des radicaux de gauche sur ce texte a cependant voté jeudi contre l'article portant le tiers payant car elle aurait voulu un temps d'expérimentation au vu des difficultés techniques...
A la gauche de la gauche, seul le Front de gauche, bien que soutenant plusieurs "avancées" du projet de loi, penche en faveur d'un vote contre en raison "du contexte extrêmement difficile dans les hôpitaux". Lundi, le Parti communiste a eu des mots assez durs pour qualifier cette réforme : "les rares annonces sur le volet santé publique ne suffisent pas à caractériser positivement ce projet de loi," explique le PC dans un communiqué. Si les communistes voient des avancées sur l’IVG, ils dénoncent les femetures de centres d’orthogénie. Et s’ils se réjouissent de l’extension du tiers payant, ils redoutent "l'offensive des complémentaires privées".
La droite aussi devrait bien entendu voter contre. Pendant la discussion, UMP et UDI, mais aussi FN, ont tenté en vain de faire barrage à la généralisation du tiers payant, décrit comme "démagogique" et qui entraînera, selon ses élus, du "travail administratif" et une "inflation" des consultations. L'opposition a aussi mené la charge contre d'autres mesures, comme certaines de celles anti-tabac (paquet de cigarettes neutre...), ainsi que celles sur l'expérimentation de "salles de shoot".
Mais au total, on s’achemine vers un examen de passage réussi au Parlement pour la ministre de la Santé, à la différence de ce qui s’est passé pour la loi Macron il y a quelques semaines. Elle a eu notamment la satisfaction de voir l'article sur le tiers payant adopté jeudi après seulement deux heures de débats. "Il y a eu très peu d'oppositions sur certains des articles majeurs qui jusque-là avaient provoqué des inquiétudes", relève-t-elle au sujet notamment de la réorganisation programmée du système de soins. Si elle n’a rien cédé sur l’essentiel, Marisol Touraine a dû donner des gages aux élus de l’Assemblée en laissant passer certaines ajouts d’origine parlementaire : suppression du délai de réflexion pour l’IVG, accord présumé sur le don d’organes, motion en faveur de la non discrimination des homosexuels pour le don de sang, par exemple. Au final, le gouvernement devrait a priori pouvoir compter mardi sur une majorité plutôt confortable sur ce texte d’au moins 330 députés sur 577 et peut-être jusqu’à 350.
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