est dans un contexte de dégradation de la santé mentale des Français et d’augmentation des conduites addictives consécutives à la crise sanitaire que s’ouvriront, les 17 et 18 novembre, 9es Assises Prévention des addictions, organisées par la Communauté de communes du Pays d’Ancenis (Loire-Atlantique).
Dédié aux professionnels du secteur médico-social, mais aussi au grand public, l’événement permet de « réunir les acteurs de la lutte contre les conduites addictives d’un bassin de vie et de faire le lien avec la réalité des problématiques d’un territoire », tout en proposant « une réflexion de portée nationale sur la prévention et la prise en charge, avec les meilleurs spécialistes », salue le Dr Nicolas Prisse, président de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), qui interviendra en ouverture de ces journées d'échanges.
Des addictions exacerbées pendant la crise
Les enjeux sont d’autant plus prégnants depuis la crise sanitaire. « Malgré une certaine résilience de la population, les résultats des enquêtes CoviPrev de Santé publique France (SPF) et ses indicateurs de santé mentale, comme la qualité du sommeil ou les troubles anxieux et dépressifs pendant la crise, révèlent une situation préoccupante qui fait le lit de certaines addictions », rappelle le Dr Prisse.
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a ainsi relaté des hausses de consommation de tabac, de cannabis et d’alcool chez les sujets déjà usagers avant la pandémie. « Ce sont des signaux à prendre au sérieux, sans dramatiser l’impact du Covid, mais sans non plus banaliser la souffrance psychique et les problèmes de santé mentale parmi ceux qui ont déjà des fragilités », avertit le président de la Mildeca.
Les populations les plus exposées se trouvent en effet parmi les catégories les plus défavorisées. « En dehors de l’alcoolisme féminin qui est souvent un problème touchant les cadres, ce sont plutôt les moins qualifiés, les moins soutenus socialement par leur entourage qui ont tendance à augmenter leur consommation quand survient une difficulté (perte d’emploi, divorce) ou une crise », rappelle le Dr Prisse.
À cet égard, les addictions aux jeux de hasard et d’argent, et en particulier aux paris en ligne, en hausse pendant la crise, créent des situations d’endettement. La Fédération Addiction vient d’ailleurs de prendre position en faveur d’un encadrement plus strict de la publicité pour les paris sportifs.
Vigilance sur les écrans
sujet complexe. Si les usages ont explosé pendant la crise, les écrans « ont permis de maintenir des liens avec l’entourage, de continuer à travailler, de se cultiver, de se distraire, mais certains en ont sans doute abusé, ont du mal à faire le chemin inverse et s’enferment peut-être dans ce recours, y compris en matière de sexualité - une réalité qui sera traitée au cours des Assises », souligne le Dr Prisse.
L’activité sexuelle en ligne « n’est pas pathologique en elle-même. Elle le devient avec l’entrée dans un système compulsif », rappelle le Pr Laurent Karila, psychiatre et addictologue à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP), porte-parole de SOS Addictions et auteu du podcast « Addiktion » (un épisode chaque vendredi).
Chez les adolescents, plutôt que l’addiction sexuelle qui se révèle plus tardivement, c’est l’hyper-consommation de pornographie qui peut être objet de vigilance, même si « les signes d’alerte ne sont pas spécifiques et se traduisent sur la scolarité ou se manifestent par de la tristesse, de l’anxiété, une mauvaise estime de soi », poursuit le psychiatre.
Quelle que soit l'addiction, les programmes de renforcement des compétences psychosociales destinés aux collégiens affichent des résultats probants. Il s’agit de donner aux plus jeunes les capacités d’être mieux avec eux-mêmes et avec les autres en travaillant sur l’estime de soi et la confiance en soi, la capacité d’écoute et l’empathie, la confiance dans l’adulte, etc. « Selon SPF, ces programmes, bien qu’exigeants et coûteux, permettent de développer ces compétences et, huit mois après l’implémentation de tels programmes, on observe une baisse de consommations de presque 50 %, notamment de tabac et cannabis », indique le Dr Prisse.
Si ces initiatives restent à l’échelle d’un petit nombre d’établissements, « la crise a accéléré la prise de conscience des bénéfices de ces programmes », assure le président de la Mildeca, soulignant une « accélération » de leur implémentation, grâce notamment au Fonds de lutte contre les addictions, créé dans la foulée des Assises de la psychiatrie.
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