Organisé par l’association strasbourgeoise « Action SIDA ville » avec le soutien de Strasbourg et de Kehl, un colloque transfrontalier sur les « addictions sans produits » s’est penché sur le jeu pathologique, facilité par le passage de la frontière et les différences de législation.
Parmi les milliers de Strasbourgeois qui se rendent tous les jours à Kehl, certains y laissent des sommes considérables dans les machines à sous, parfois dès l’ouverture des salles, à 6 heures du matin. Certes, il existe dans les deux pays des services d’aide pour les personnes souffrant d’addictions, y compris le jeu, mais ils sont inadaptés aux situations transfrontalières : les joueurs français ne vont pas consulter les services sociaux allemands, ne lisent pas les documents d’information en allemand… et ne se vantent guère de leurs exploits outre-Rhin, une fois rentrés chez eux.
Pourtant, le jeu excessif, voire pathologique, souvent fortement corrélé à l’alcoolisme, favorise non seulement la faillite, mais aussi la dépression et le suicide, sans parler des problèmes familiaux et sociaux. Il concerne environ un pour cent des joueurs et fonctionne comme une addiction « classique » mais, note le Dr Patrick Spiess, généraliste et président d’Action SIDA ville, « nos patients ne nous en parlent jamais et nous ignorons ces phénomènes car nous n’y sommes pas formés ».
Échanger les méthodes
Les machines à sous constituent la principale cause de jeu pathologique en Allemagne, qui tente assez mollement d’en freiner le développement : « Nous avons réduit les heures d’ouverture des salles de jeu, et bridé les machines pour que les joueurs ne puissent pas gagner plus de 400 euros par heure, ni en perdre plus de 60 », explique la mairie de Kehl, qui a limité le nombre de nouvelles machines autorisées… lequel a toutefois quadruplé en dix ans. Par contre, l’Allemagne, à l’inverse de la France, n’accroche guère aux jeux de grattages et loteries à gains immédiats, ni même aux paris en ligne.
« Chaque patient est unique et il n’y a pas de recette miracle, mais parler de son jeu excessif est déjà une première étape pour en sortir », notent les psychologues des deux pays. En Allemagne, la plupart des centres d’informations sur les drogues disposent d’un référent pour les jeux, postes plus rares en France. « C’est en échangeant nos méthodes que nous avancerons ensemble », estime le Dr Spiess. Après avoir organisé, l’an dernier, un premier colloque franco-allemand sur la substitution aux opiacés, l’association prévoit l’an prochain, une rencontre sur d’autres addictions.
Les spécificités transfrontalières réclament des réponses adaptées. Ainsi, les deux villes vont publier des informations bilingues destinées aux joueurs, qui pourront à l’avenir trouver plus facilement des adresses, dans les deux pays, d’organismes susceptibles de les écouter et de les aider à se défaire de leur onéreuse passion pour les machines à sous.
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