Malgré l'efficience de son système de santé, la France reste à la traîne en matière de prévention et de réduction des facteurs de risques, constate, cette année encore, l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans son panorama européen, réalisé en partenariat avec la commission européenne.
Trop peu d'argent consacré à la prévention
La France consacre 11 % de son PIB aux dépenses de santé (comme l'Allemagne), un taux supérieur à la moyenne européenne (9,9 % du PIB de l'UE). Mais la prévention dans l'hexagone n'occupe que 2 % des dépenses de santé, contre 3 % dans les pays de l'Union européenne. Le pourcentage de fumeurs réguliers baisse mais reste supérieur à la moyenne des autres contrées (22,4 % en 2014 vs une moyenne européenne de 21 %). L'OCDE qualifie même d'alarmante la prévalence du tabagisme chez les adolescents de 15 ans (près d'un ado sur cinq déclare fumer au moins une fois par semaine, contre un sur sept en moyenne) - tout en saluant le programme national de réduction du tabagisme et l'introduction du paquet neutre en mai 2016.
Avec 11,5 litres d'alcool pur par habitant contre une moyenne de 10 litres, la France se distingue par son niveau de consommation d'alcool. L'OCDE l'invite à ne pas revenir sur la loi Evin, rappelant que la France a des niveaux de taxes sur l'alcool plus faible qu'ailleurs, notamment pour le vin.
L'OCDE alerte sur l'augmentation des taux de surpoids et d'obésité, même s'ils sont plus faibles qu'ailleurs, et appelle à encourager l'activité physique. Seulement 11 % des filles de 11 ans déclarent avoir une activité quotidienne (vs 20 % en moyenne), et 6 % des adolescentes de 15 ans.
Carton rouge pour la vaccination
L'OCDE déplore enfin un des taux de vaccination des enfants contre la rougeole les plus faibles des pays européens (en 2014, 11 % des petits Français n'étaient pas vaccinés, contre 6 % des Européens en moyenne), et la baisse continue du pourcentage de la population de plus de 65 ans immunisée contre la grippe (48,5 % en 2014, vs 53,5 % en moyenne). Et d'espérer que l'autorisation donnée aux pharmaciens de vacciner les patients contre la grippe facilite l'accès à la vaccination.
Des inégalités de santé qui se creusent dans toute l'Europe
Plus largement, l'OCDE et la Commission européenne invitent les pays de l'UE à augmenter leurs dépenses de santé, en particulier, les budgets consacrés à la prévention. « Dans l'UE, un grand nombre de personnes meurent chaque année de maladies évitables liées à des facteurs de risque tels que le tabagisme et l'obésité (qui touche 16 % des adultes, contre 11 % en 2000). Il faut poursuivre les efforts pour rendre les soins de santé plus accessibles », a exhorté Vytenis Andriukaitis, commissaire européen à la santé.
« Nous ne devons pas voir cela comme des dépenses inévitables, mais comme un investissement dans l'avenir », a-t-il ajouté. Les maladies chroniques touchent 50 millions d'Européens, et sont responsables du décès prématuré de 550 000 personnes d'âge actif. Ce qui coûte 115 milliards d'euros par an aux pays de l'UE, soit 0,8 % du PIB. Sans compter les 1,7 % de PIB consacré aux prestations pour incapacité de travail ou congés maladie.
Le panorama global de la santé révèle enfin des écarts très importants entre les pays en termes d'espérance de vie, et de grandes disparités internes. Ainsi en moyenne, les personnes avec le plus faible niveau d'études ont une espérance de vie inférieure de 7 ans à celle des personnes plus diplômées. La crise financière mondiale a aggravé l'accès aux soins de santé. Par exemple en Grèce, plus de 16 % renoncent en 2014 à se soigner pour des raisons financières, contre 7 % en 2008.
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