« L’ANNÉE 2011 paraît aller dans le sens d’une réduction du tabagisme », souligne l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) au regard des indicateurs de son tableau de bord 2011 du tabac. L’année dernière, les ventes de tabac en France métropolitaine ont symboliquement reculé de 0,7 % par rapport à 2010. Néanmoins depuis 2004, le volume des ventes de tabac demeure relativement stable (65 025 tonnes contre 64 317 tonnes en 2011). Après trois années de hausse du prix du tabac de 6 %, le passage en octobre dernier du tarif du paquet au-dessus du seuil symbolique des 6 euros peut avoir encouragé certains fumeurs à réduire leur consommation. Une partie d’entre eux a reporté sa consommation sur le tabac à rouler - moins cher - dont la part de marché atteint en 2011 un niveau inédit (12 %). D’après les industriels du tabac, les achats transfrontaliers sont demeurés l’année dernière à un niveau proche de celui observé en 2010. Parallèlement, les initiatives d’arrêt du tabac continuent de progresser. Sur l’ensemble de l’année 2011, les ventes en pharmacie de traitements pour l’arrêt du tabac augmentent de 6,7 % (2 223 606 en équivalent « nombre de patients traités » contre 2 084 739 en 2010), au profit des substituts nicotiniques sous forme orale ou transdermique. Les consultations de tabacologie restent stables par rapport à 2010, avec 14,6 nouveaux patients par mois. L’affluence sur la ligne téléphonique « Tabac info service » (3 989) recule très légèrement (- 0,8 % à 47 722 appels) mais les appels traités en second niveau par ses tabacologues affichent une hausse de 48,5 %. Enfin, si le nombre de visites sur le site Internet www.tabac-info-service.fr baisse de 5,6 %, davantage de fumeurs se sont inscrits au service de coaching personnalisé (17 585 contre 6 620 en 2010). Toutefois, derrière ces indicateurs globalement positifs de l’OFDT, d’autres études confirment la remontée de la prévalence tabagique quotidienne, tant chez les adultes (passée de 27,3 à 29,1 % entre 2005 et 2010 selon le baromètre santé de l’INPES) que les jeunes de 17 ans (de 28,9 à 31,5 % entre 2008 et 2011 d’après l’enquête ESCAPAD).
La question du prix.
Selon l’Académie nationale de médecine, les hausses des taxes sur le tabac ne sont « pas assez dissuasives ni assez répétées pour renforcer le contrôle de la consommation en France ». Dans une communication, le Pr Gérard Dubois, membre de l’Académie, président d’honneur du Comité national contre le tabagisme et de l’Alliance contre le tabac, déplore l’absence de hausse des taxes sur le tabac depuis janvier 2004. « Les augmentations de 6 % de 2007, 2009, 2010 et 2011 sont des augmentations de prix demandées par les industriels et autorisées par le gouvernement », fait-il remarquer. La Banque Mondiale a depuis longtemps démontré qu’une augmentation de 10 % du prix des produits du tabac engendre une baisse des ventes de 4 % dans la population générale et de 8 % chez les jeunes. Entre 2003 et 2004, avec le premier plan cancer, la forte augmentation du prix du tabac (+ 40 %) s’était accompagnée d’un spectaculaire recul de la consommation de l’ordre 30 %. Ayant retenu la leçon, les cigarettiers s’efforcent désormais de maintenir les augmentations annuelles de prix bien en deçà du seuil efficace des 10 % en terme de santé publique. Ces derniers et les buralistes sont d’ailleurs intervenus durant le débat parlementaire sur la TVA sociale pour réduire son impact sur le prix de ventes des produits du tabac et rester sous la barre fatidique (+ 7,6 %). Dans son avis, l’Académie nationale de médecine, recommande des augmentations dissuasives et répétées du prix du tabac « conformément aux engagements internationaux de la France » pris en ratifiant la Convention cadre de lutte antitabac (CCLAT) de l’OMS. En déplacement jeudi dans le Gard, Nicolas Sarkozy a assuré qu’il « continuera à augmenter le prix du tabac » car « c’est la seule façon de réduire la consommation ». « C’est une question de santé publique », a-t-il déclaré dans un café-tabac d’une petite commune gardoise (Vestric-et-Candiac). Face à des buralistes, le président-candidat, s’est toutefois bien gardé de préciser les niveaux de hausse de prix envisagés.
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