DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE CANCER de l’œsophage, en huitième position par ordre de fréquence dans le monde, est hautement létal, causant plus de 400 000 décès par an.
Le traitement chirurgical à visée curative est possible lorsque la tumeur ne comporte pas d’envahissement des structures adjacentes ni de métastases et que le patient est capable de supporter cette intervention.
Une chimioradiothérapie préopératoire (néoadjuvante) est proposée par certains auteurs, cependant son rôle reste incertain. La plupart des études randomisées n’ont pas montré de bénéfice en terme de survie ; toutefois ces études ont été critiquées pour leur petite taille ou leur conception inadéquate ; une méta-analyse a suggéré un bénéfice de survie, mais au prix d’une morbimortalité postopératoire accrue.
Les résultats d’une large étude randomisée multicentrique hollandaise (CROSS) de phase III sont donc bienvenus. Dans cette étude, la chimioradiothérapie suivie de la chirurgie a été comparée à la chirurgie seule chez des patients atteints d’un cancer de l’œsophage ou de la jonction œsogastrique potentiellement curable.
Hagen et coll. ont évalué un protocole qui s’est montré bien toléré et efficace en phase 2 : administration hebdomadaire de carboplatine et de paclitaxel (50 mg/m2 de surface corporelle) pendant cinq semaines, avec radiothérapie concomitante (41,4 Gy, en 23 fractions, 5 jours par semaine).
L’analyse porte sur 366 patients, parmi lesquels 75 % ont un adénocarcinome, 23 % un carcinome à cellules squameuses, et 2 % un carcinome à grandes cellules indifférenciées ; 22 % avaient un cancer de la jonction.
Les critères d’inclusion sont les suivants : limite supérieure de la tumeur au moins 3 cm au-dessous du sphincter supérieur de l’œsophage ; les patients ayant une tumeur gastrique proximale avec une invasion minime de l’œsophage étaient exclus ; la longueur et la largeur de la tumeur ne devaient pas dépasser 8 cm et 5 cm ; seuls les patients ayant une tumeur T1N1 ou T2-3N0-1, sans métastase (M0), étaient enrôlés.
Les résultats dépassent les attentes, avec une survie moyenne deux fois plus longue dans le groupe de chimioradiothérapie-chirurgie que dans le groupe chirurgie seule, soit 49,4 mois contre 24 mois.
Peu d’effets toxiques sévères.
Les patients traités par chimioradiothérapie néoadjuvante et chirurgie ont un risque de décès 34 % plus faible durant le suivi (RR de 0.657).
La chimioradiothérapie néoadjuvante est associée à une faible fréquence d’effets toxiques sévères -leucopénie (6 %), neutropénie (2 %), anorexie (5 %), et fatigue (3 %) - et pouvait être administrée en traitement ambulatoire.
De plus, elle n’a pas entraîné une morbidité post-opératoire ou une mortalité précoce plus élevée.
Enfin, le bénéfice de la chimioradiothérapie néoadjuvante est observé aussi bien pour l’adénocarcinome que pour le carcinome à cellules squameuses.
« La chimioradiothérapie préopératoire (...) est sûre et entraîne une augmentation significative de la survie globale parmi les patients ayant un adénocarcinome ou un carcinome à cellules squameuses de l’œsophage ou de la jonction œsogastrique », concluent les auteurs.
Hagen et coll. New England Journal of Medicine du 31 mai 2012, p, 207.
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