Les patients atteints de cancer présentant des comorbidités ont moins de chance de participer à un essai clinique que les patients sans comorbidités. Telle est la conclusion d’une étude américaine publiée dans « JAMA Oncology ».
Une enquête nationale a été menée auprès de 5 499 patients atteints de cancer du sein, du poumon, colorectal ou de la prostate. Parmi eux, 65,6 % présentaient au moins une comorbidité (hypertension artérielle, perte de la vue, arthrite, asthme, déficience auditive, cancer antérieur…).
Une diminution de 24 % de la participation
Les patients ont répondu à des questions relatives aux essais cliniques. Cela a permis de retenir les critères d'évaluation suivants pour l'analyse : un essai a-t-il été discuté avec un patient (oui ou non) ? Un essai a-t-il été proposé à un patient (oui ou non) ? Le patient a-t-il participé à un essai (oui ou non) ?
Par rapport aux patients sans comorbidités, ceux avec comorbidités avaient moins de chance de discuter des essais cliniques avec un médecin (44,1 % versus 37,2 %), mais aussi de se voir proposer une participation à un essai clinique (21,7 % versus 15,7 %) et enfin de participer à un essai (11,3 % versus 7,8 %). De plus, une augmentation de 0 à une ou plusieurs comorbidités était associée à une diminution de participation aux essais de 24 %. Et pour cause : les auteurs soulignent qu'« au moins 60 % des exclusions d'admissibilité aux essais concernent les comorbidités des patients ou le performans status », le performans status reflétant l'état général.
Pour les antécédents de cancer par exemple, une des raisons invoquées est la crainte d'une difficulté à interpréter les résultats pour la maladie actuelle. « Cependant, des preuves récentes suggèrent que l’existence de cancers antérieurs a peu ou pas d’impact sur les résultats des nouveaux diagnostics », soulignent les auteurs.
Plus de 6 000 participations supplémentaires par an
Ainsi, l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), Friends of Cancer Research et la Food and Drug Administration (FDA) ont récemment recommandé de moderniser les critères d'éligibilité afin que les essais cliniques correspondent mieux aux populations de patients en vie réelle, d'augmenter la participation aux essais et de permettre à davantage de patients d'accéder aux nouveaux traitements. Des patients infectés par le VIH ou ayant un antécédent de cancer, par exemple, pourraient ainsi participer à des essais.
Les auteurs ont analysé l'impact de la réduction des critères d'exclusion et ont estimé que les nouvelles recommandations permettraient 6 317 participations supplémentaires par an. « Le succès des essais cliniques sur le cancer est rendu possible par la participation volontaire des patients atteints du cancer. Cependant, on estime que 5 % ou moins des patients atteints de cancer participent aux essais », notent les auteurs.
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