Alors que plus de la moitié des patients d'oncologie ont au moins 75 ans, l'Académie nationale de médecine demande qu'ils soient davantage pris en compte dans la recherche clinique et translationnelle et aient un meilleur accès aux immunothérapies.
Les immunothérapies, appelées inhibiteurs de checkpoint, ont comme spécificité de pouvoir induire des réponses de longue durée, voire des rémissions complètes, dans potentiellement une vingtaine de cancers différents, rappelle l'Académie. Soit, l'espoir d'un changement de paradigme dans les cancers, qui deviendraient ainsi des maladies chroniques.
Intégrer les personnes âgées dans la recherche
Mais « les traitements anticancéreux sont prescrits avec beaucoup de réserve » chez les patients âgés, observe l'Académie. En cause : la crainte d'une moins bonne tolérance et d'une moindre efficacité.
Ces deux facteurs devraient être étudiés en fonction du type de cancer et des modalités individuelles du vieillissement, argumente l'Académie. Or les patients de plus de 70 ans sont sous-représentés dans les études randomisées, à cause des critères d'inclusion stricts quant aux facteurs de comorbidités. Et « d'une crainte parfois excessive des investigateurs à inclure des personnes âgées », regrette les experts.
Aussi l'Académie demande-t-elle de « poursuivre et d'accentuer la recherche clinique et translationnelle sur l’immunothérapie du cancer chez les personnes âgées, en vue de leur permettre de bénéficier de traitements modernes les moins toxiques possibles, sans altérer leur qualité de vie ».
Collaboration avec les oncogériatres
L'Académie appelle en parallèle à traiter par immunothérapie les patients de plus de 70 ans atteints de cancer « chaque fois qu’il peut y avoir un bénéfice pour eux » et à collaborer étroitement avec les oncogériatres dans la décision thérapeutique et le suivi.
Elle s'appuie notamment sur l'exemple du mélanome, l'une des premières tumeurs pour lesquelles l'immunothérapie a été utilisée, avec un recul de plus de 10 ans. Les premiers essais cliniques (publiées à partir de 2016) ont montré que les patients de plus de 65 ans répondaient aussi bien à l'immunothérapie que les plus jeunes (survie sans rechute et survie globale identiques), quelle que soit l’immunothérapie prescrite (anti-CTLA-4 ipilimumab, anti-PD-1, anti-PDL-1) et sans plus d’effets secondaires.
Une étude récente de 2021 a ensuite porté sur quatre cohortes de « données de vraie vie » et confirmé que l’efficacité de l’immunothérapie est similaire par rapport au reste de la population traitée et, surtout, qu’il n’y a pas plus d’effets secondaires sévères ou différents. La réponse à l'immunothérapie ne serait donc pas influencée par l’immunosénescence et l'incidence des maladies auto-immunes induites par ce traitement ne serait pas plus élevée chez les personnes âgées. Il a même été démontré que le traitement adjuvant par anti-PD-1 diminuait le risque de rechute après curage ganglionnaire.
Ces résultats tendent ainsi à renforcer la place de l'évaluation gériatrique, qui doit permettre de s'assurer de l'absence d'interférence avec certaines comorbidités, des conditions mentales, émotionnelles et nutritionnelles, et ainsi déterminer le rapport bénéfice/risque pour chaque patient, fait valoir l'Académie.
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