L'ASH a été l'occasion de mettre en avant une thérapie novatrice, les CAR-T-cells, chez des patients atteints de lymphomes agressifs, résistants aux chimiothérapies.
CAR-T-cells : un recul nécessaire pour cette thérapie prometteuse
Des études récentes démontrent que les CAR-T-cells (lymphocytes T prélevés et réinjectés chez les patients après modification génétique permettant l'expression d'un récepteur chimérique antitumoral) peuvent guérir ces patients dont l'espérance de vie avant l'avènement de cette stratégie thérapeutique n'était que de quelques semaines. « Les données de trois études sur environ 300 malades (ZUMA-1, JULIET, TRANSCEND) confirment que cette approche donne des taux de réponses complètes chez un patient sur deux. Par ailleurs, 40 % des répondeurs gardent leur réponse au-delà de 6 mois », affirme le Pr Loïc Ysebaert, hématologue, à l'institut universitaire du cancer de Toulouse (IUCT) Oncopole. Néanmoins, cette stratégie prometteuse nécessite un recul sur plusieurs années, une meilleure connaissance de la fabrication des CAR-T- cells pour sécuriser les réinjections (des cas d'œdème cérébral mortel ont été rapportés du fait de syndromes de relargages de cytokines massifs) ainsi qu'une nette diminution du prix. « Actuellement, ce traitement coûte un demi-million d'euros par patient », précise le Pr Ysebaert.
Vers une association thérapie ciblée et chimiothérapie dans les LLC ?
L'ASH a également été l'occasion de faire le point sur le traitement actuel des leucémies lymphoïdes chroniques (LLC). L'immuno-chimiothérapie constitue un traitement satisfaisant. Chez les patients en rechute, l'ASH a confirmé que les thérapies ciblées sans chimiothérapies apportent un bénéfice nettement supérieur (en termes de survie sans récidive et de survie globale) aux chimiothérapies classiques. « Ainsi, chez les patients en rechute de LLC, les chimiothérapies ne sont plus indiquées. Désormais, seules les thérapies ciblées sont utilisées avec un taux de réussite important, quel que soit l'âge du patient, y compris chez les sujets très âgés », indique le Pr Ysebaert.
D'autres données ont été présentées à l'ASH concernant l'utilisation, en première ligne, d'une chimiothérapie conventionnelle combinée à une thérapie ciblée chez des patients atteints de LLC. Les auteurs ont considéré le critère de réponse le plus stringent, c'est-à-dire la maladie résiduelle en cytométrie de flux. « Ils ont conclu qu'en prescrivant 4 médicaments (fludarabine, cyclophosphamide, obinutuzumab, ibrutinib) en première ligne pendant un an aux patients, il est possible d'éradiquer la maladie résiduelle dans la moelle osseuse chez 75 à 80 % d'entre eux. Ces taux de réponse sont exceptionnels : ils sont deux fois plus importants que ceux que nous avions avec la chimiothérapie FCR (fludarabine, endoxan, rituximab). En mixant thérapie ciblée et chimiothérapie dès la première ligne, nous serons ainsi peut-être amenés à guérir des patients ayant une LLC », précise le Pr Ysebaert.
Lymphomes folliculaires : l'espoir de la guérison
L'ASH a, en outre, présenté l'actualisation d'une grande étude française dans le domaine des lymphomes folliculaires. Intitulée PRIMA : « Chimiothérapie et maintenance : que deviennent les malades à 10 ans ? », cette étude d'actualisation a été présentée au nom du groupe coopérateur Français LYSA par le Pr Gilles Salles du CHU Lyon-Sud. « Elle a montré qu'à 10 ans, après une première ligne de traitement, chez des patients présentant un lymphome folliculaire en France, 80% des patients sont en vie mais, surtout, que 50% des patients n'ont pas rechuté », souligne le Pr Ysebaert. Ces patients sont traités pendant deux ans et demi dont six mois de chimiothérapie, puis, deux ans d'anticorps anti-CD20 de maintenance. « Ainsi, le lymphome folliculaire n'est peut-être plus une maladie chronique. Par exemple, lorsque l'on traite un malade de 65 ans, on peut penser qu'il a une chance sur deux de ne pas rechuter jusqu'à ses 75 ans. Il peut même avoir été guéri, ce qui change le discours auprès du malade », conclut le Pr Ysebaert.
D'après un entretien avec le Pr Loïc Ysebaert, hématologue, à l'institut universitaire du cancer de Toulouse (IUCT) Oncopole.
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