Dépistage du cancer colorectal : le rêve américain d’une couverture à 80 %... un pied de nez à la situation française

Publié le 13/03/2015
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Crédit photo : PHANIE

Une couverture élargie à 80 % du dépistage colorectal en 2018 permettrait d’empêcher plus de 20 000 décès par an en 2030 aux États-Unis, selon une étude publiée dans la revue « Cancer ». C’est en ces chiffres engageants que pourrait se traduire le récent objectif lancé outre-atlantique par la « National Colorectal Cancer Roundtable (NCCRT) », une coalition nationale réunissant des organisations à la fois privées, publiques et à but non lucratif. La publication de ces objectifs ambitieux contraste fortement avec la situation française actuelle, où il n’y a plus de dépistage du cancer colorectal depuis fin janvier 2015.

Le scénario optimiste d’une couverture à 80 %

Pour obtenir ces estimations très attendues, puisque ce sont les premières concernant une couverture élargie à 80 %, l’équipe de Rotterdam a eu recours à un modèle informatique sophistiqué et à l’expertise d’un épidémiologiste américain de l’American Cancer Society, le Dr Ahmedin Jemal. Alors que le cancer colorectal est la 2e cause de mortalité aux États-Unis, avec 132 700 nouveaux cas et 49 700 décès en 2015, moins de 6 sur 10 adultes américains (58 %) âgés entre 50 et 75 ans ont fait le test en 2013.

Selon les projections néerlandaises, le fait d’augmenter de 22 % la couverture du dépistage ferait diminuer l’incidence et la mortalité du cancer colorectal respectivement de 22 % et 33 %, au cours d’un suivi allant de 2013 à 2030. Cette mesure permettrait d’éviter 277 000 nouveaux cancers et 203 000 décès supplémentaires sur la période 2013 à 2030. Les Américains ne sous-estiment pas les difficultés d’un tel programme, les barrières étant « importantes et multiples », selon les termes de Richard Wender lui-même, président du NCCRT.

Arrivée des tests immunologiques retardée

En France, le gel pur et simple du dépistage, avec la destruction de milliers de tests réalisés, ne pouvait tomber plus mal en cette période de Mars bleu, consacré habituellement à la thématique. La transition du test au gaïac vers le test immunologique s’est avérée beaucoup plus compliquée que prévu, retardée par une attribution du marché fortement contestée et autant d’ajustements techniques ajournés. L’INCa annonce la mise à disposition du nouveau test immunologique pour avril prochain.

CANCER, publié en ligne le 12 mars 2015

Dr Irène Drogou

Source : lequotidiendumedecin.fr