Cancer du foie

Des travaux primés sur la compréhension des altérations génomiques

Par
Publié le 07/03/2017
Recherche génétique

Recherche génétique
Crédit photo : LAGUNA DESIGN/SPL/PHANIE

« L’objectif de nos travaux est de mieux comprendre les mécanismes génomiques et moléculaires des cancers, notamment ceux du foie, pour arriver à mettre au point des biomarqueurs et des outils permettant d’améliorer le diagnostic et la prise en charge des patients », indique le Pr Jessica Zucman-Rossi, directrice de l’unité Inserm « Génomique Fonctionnelle des Tumeurs Solides », rattachée aux universités Paris Descartes, Paris Diderot et Paris 13. Médecin, chercheuse et enseignante, le Pr Zucman-Rossi a obtenu en novembre un prix de la Fondation pour la recherche médicale. Il s’agit du prix Raymond Rosen, qui chaque année, est « remis à un chercheur dont les travaux sont orientés sur le cancer et sa guérison ».

Déchiffrer le mécanisme de cancérisation

L’unité, dirigée par le Dr Zucman-Rossi, s’intéresse aux altérations du génome dans les cancers. « On travaille sur les mésothéliomes, les cancers du rein mais surtout sur les cancers du foie, explique-t-elle. On essaie d’abord de comprendre comment une cellule normale devient une cellule cancéreuse et de déterminer ensuite quelles sont les altérations du génome, les mutations ou les amplifications de chromosomes pouvant être à l’origine de la formation des cancers ».

Un nombre très faible de cancers hépatiques est lié à une transmission génétique de type mendélienne. « Il s’agit de cancers plutôt liés à l’environnement (alcool, infections virales…) mais avec des interactions avec les polymorphismes génétiques. Il n’y a pas que l’exposition à des facteurs de risque, le fonds génétique joue aussi un rôle », indique le Pr Zucman-Rossi. « On s’intéresse à la génétique somatique, aux altérations du génome qui surviennent dans les cellules somatiques. Les cancers du foie sont des maladies du génome ; ils résultent de la transformation maligne des hépatocytes », précise-t-elle.

40 mutations génétiques par cancer du foie

Grâce au séquençage à haut débit, on sait désormais que, dans chaque cancer du foie, il y a environ 40 mutations altérant la fonction de gènes différents. « C’est énorme ». En fait, chaque cancer est le résultat d’une combinaison unique d’altération. Il est certainement possible d’avoir une action antitumorale en ciblant un gène mais cela n’est sans doute pas suffisant. À l’avenir, il faudra avoir une combinaison de traitements, agissant sur plusieurs cibles, pour espérer augmenter la survie de manière significative », indique le Pr Zucman-Rossi.

Car le but de ces recherches est bien sûr à terme d’améliorer les outils diagnostiques et thérapeutiques. « Notre objectif est d’identifier des marqueurs pouvant être utiles pour la prise en charge clinique des patients. À la fois pour améliorer le diagnostic ou mettre au point des traitements ciblés et plus efficace. Mais nous développons aussi des outils qui permettent de différencier les tumeurs bénignes des tumeurs malignes, les tumeurs de bon ou de mauvais pronostic ou les tumeurs qui vont bien répondre à tel ou tel traitement », indique le Pr Zucman-Rossi.

D’après un entretien avec le Pr Jessica Zucman-Rossi, directrice de l’unité Inserm « Génomique Fonctionnelle des Tumeurs Solides », rattachée aux universités Paris Descartes, Paris Diderot et Paris 13.

Antoine Dalat

Source : lequotidiendumedecin.fr