Cette année 2019 s'annonce chargée pour le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG). « Nous allons en effet assurer la mise en place de l'enquête KBP-2020 et solliciter les services de pneumologie des centres hospitaliers (CH, anciennement hôpitaux généraux). Après les éditions 2000 et 2010, cette étude en vie réelle est désormais bien installée et fait référence en France dans le domaine du cancer bronchique. Nos cohortes sont en effet parmi les plus importantes du monde pour ce cancer », explique le Dr Didier Debieuvre, président du CPHG.
Estimer la mortalité des patients
L'étude KBP est une étude épidémiologique descriptive, prospective, portant sur tous les nouveaux cas de cancer bronchique primitif histologiquement prouvé, diagnostiqués sur une année entière au sein des CH. Son objectif principal est d'estimer la mortalité à 1 et 5 ans des patients. Ses objectifs secondaires sont de décrire les caractéristiques des patients, des tumeurs, leur prise en charge diagnostique et thérapeutique.
Les données sont recueillies par questionnaire standardisé avec contrôle de l'exhaustivité. « Pour cette prochaine étude, nous allons recueillir tous les nouveaux cas de cancer bronchique primitif entre le 1er janvier et le 31 décembre 2020 », précise le Dr Debieuvre, en espérant que, pour ce 3e volet de KBP, les services de pneumologie des CH sauront encore se mobiliser. « Cela a été le cas pour les deux précédentes études, ajoute-t-il. En 2000, 119 centres avaient participé et les données de 5667 patients avaient pu être recueillies et analysées. En 2010, 104 centres avaient inclus 7051 patients. En 2020, nous espérons inclure 10 000 patients ».
Ces effectifs importants font de KBP des études particulièrement scrutées. « Certes, nous ne sommes pas un registre car nous n'avons pas les données des CHU, des centres privés et des centres de lutte contre le cancer mais le maillage national étroit des CH rend ces données très robustes. Et il faut rappeler que les CH et apparentés prennent en charge 45 % des patients atteints de cancers bronchiques en France, essentiellement dans les services de pneumologie », indique le Dr Debieuvre en précisant que les patients, accueillis dans les CH, sont plus âgés, présentent plus de comorbidités et de métastases que ceux accueillis en CHU ou centres de lutte contre le cancer.
Plus de non-fumeurs et une amélioration de la survie
L'intérêt de ces études répétées à dix ans d'intervalle est de pouvoir faire des comparaisons avec un effet baromètre. « Une des principales évolutions, entre 2000 et 2010, a été l'augmentation importante du pourcentage de femmes atteintes d'un cancer bronchique primitif (16 % en 2000 contre 24 % en 2010). Une évolution qu'on retrouve dans toutes les autres études internationales. On a aussi constaté une augmentation du nombre de non-fumeurs. Chez les femmes, le pourcentage est resté stable (aux alentours de 34 %). Chez les hommes la hausse a été significative (2,5 % de patients non-fumeurs en 2000 et 4,7 % en 2010) rapportée au nombre total d'hommes ayant un cancer bronchique, même si ce pourcentage reste faible », indique le Dr Debieuvre
Un autre résultat marquant est l'amélioration de la survie à 1 an, qui est passée de 38,2 % en 2000 à 43,6 % en 2010, et l'amélioration de la survie à 5 ans, qui est passée de 10,0 % en 2000 à 12,7 % en 2010. « On espère que dans l'étude KBP 2020, on verra une amélioration de la survie à 5 ans plus significative grâce aux thérapies ciblées encore assez peu utilisées en 2010 et à l'immunothérapie qui n'était pas utilisée en 2010 », indique le Dr Debieuvre, en ajoutant que cette amélioration de la survie à 5 ans en 2010 ne concernait que les cancers bronchiques non à petites cellules.
En 2020, une autre étude, ESCAP-2020, sera conduite à partir de la cohorte KBP-2020. « En 2011, nous avions également fait une première étude prospective longitudinale, ESCAP-2011. L'objectif était de décrire la stratégie thérapeutique mise en œuvre par les pneumologues des CH dans les 2 années qui suivent le diagnostic de cancer bronchique primitif chez les patients de la cohorte KBP-2010. 53 établissements sur 104 soit 3943 patients sur 7051 avaient aussi participé à cette étude qui est précieuse pour savoir précisément comment sont traités les cancers bronchiques en France. Ainsi, ESCAP-2020, à partir de la cohorte KBP-2020, a pour objectif de suivre les patients durant 3 ans après le diagnostic et de décrire les différentes stratégies thérapeutiques mises en œuvre pour les cancers bronchiques en CH et de voir les évolutions par rapport à 2011 ».
Entretien avec le Dr Didier Debieuvre, président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG), GHRMSA-Mulhouse.
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