Accélérer la recherche autour des données de santé en oncologie, favoriser l’accès aux innovations, renforcer l’attractivité du territoire : c'est la feuille de route ambitieuse de l'association « Filière Intelligence Artificielle et Cancer » (FIAC) créée par l’Institut national du cancer (INCa) et ses partenaires publics et privés.
Officiellement actée début août, la FIAC, au « caractère inédit », « témoigne d’une volonté commune », a expliqué le Pr Norbert Ifrah, président de l’INCa, lors d’un point presse ce 14 septembre. Avec cette association « investie d’une mission d’intérêt général », l’objectif est de « faire naître des projets » au service de l’innovation thérapeutique et de « réduire le poids des cancers de demain », ajoute Thierry Breton, directeur général de l’Institut.
Pour y parvenir, 10 membres fondateurs se sont engagés aux côtés de l’INCa : le Health Data Hub, l’Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé (Ariis), France Biotech et sept industriels (Amgen, AstraZeneca, Janssen, MSD France, Novartis, Pfizer et Pierre Fabre). Un 8e industriel devrait les rejoindre lors du prochain conseil d’administration, prévu le 20 octobre.
Des projets pilotes déjà sur les rails
L’enjeu est double : améliorer les connaissances via des « Projets de Réutilisation des données en Cancérologie » (PRC) et croiser les données des industriels avec celles des organismes publics, et notamment avec la Plateforme des données en cancérologie de l’INCa. Créée il y a 7 ans, cette plateforme centralise déjà les données issues du système national des données de santé (SNDS), des pratiques cliniques, des registres des cancers, des centres régionaux de coordination des dépistages mais aussi des études, essais et cohortes.
Deux projets pilotes illustrent la démarche portée par la FIAC. Un premier, mené par AstraZeneca, se penchera sur les données, aussi bien publiques que privées, obtenues lors du suivi à long terme de patients atteints d’un cancer du poumon ayant bénéficié d’un traitement sous autorisation temporaire d’utilisation (ATU). L’objectif est d’évaluer les capacités à associer ces différentes données, d’identifier les agrégations pertinentes et, à terme, d’élaborer un guide de recommandations, commun aux laboratoires pharmaceutiques et à l’INCa, pour « une collecte standardisée des données de suivi des patients », précise Muriel Litour, représentante d’AstraZeneca.
Un deuxième projet, porté par Amgen, s’attachera à optimiser les séquences de traitement pour les patients atteints d’hémopathie maligne, et notamment de myélome multiple. En termes de preuve de concept, il s’agit « d’évaluer la faisabilité de rapprocher les données des registres des cancers à celles de la cohorte cancer », de « caractériser les trajectoires de soins et les séquences de traitements » et « d’identifier les facteurs prédictifs de la réponse aux traitements », indique Jean-Vannak Chauny, représentant d’Amgen. Ce projet, qui associera notamment une PME spécialisée dans l’IA, mettra en œuvre des algorithmes de « machine learning » pour l’analyse des données.
Un objectif de 50 projets en 5 ans
L’ambition est de mener 50 projets à 5 ans. Pour cela, l’association dispose d’un budget de 16 millions d’euros, alimenté pour moitié par la Banque publique d’investissement (BPI), le reste étant financé par les industriels. Sur ce budget, 9 millions seront attribués à l’INCa pour le développement de sa plateforme.
Dans cette structure, la place des usagers n’est pas oubliée. Un représentant des patients, désigné par l’INCa, siégera au conseil d’administration de l’association. La gouvernance sera par ailleurs ouverte avec un « Comité des parties prenantes » et un « Comité des membres partenaires » qui seront prochainement constitués via un appel à manifestation.
Cette ouverture doit permettre de « proposer des angles de vue diversifiés », explique Marco Fiorini, délégué général de l’Ariis, évoquant ainsi une « promesse fondamentale » de l’association. Une logique de transparence sera également appliquée, via un modèle Open source, notamment pour la diffusion des méthodes et bonnes pratiques. De même, les aspects juridiques et éthiques liés à l’exploitation des données, encadrés par une charte signée par l’ensemble des partenaires, seront abordés par le Comité des parties prenantes, la puissance publique jouant le rôle de « tiers de confiance » pour garantir un « bon usage des données », souligne Thierry Breton.
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