Les Journées européennes de l'obésité ont lieu les 17 et 18 mai. Cette même semaine se tient le congrès de l'Association française de chirurgie (AFC) à Paris du 15 au 17 mai. L'occasion d'aborder avec le Pr Patrick Pessaux, chirurgien digestif de l'IHU de Strasbourg et président de l'AFC, le risque de cancer chez les patients obèses et les innovations en chirurgie bariatrique.
LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN : L'AFC s'est associée au Collectif national des associations d'obèses (CNAO) pour alerter sur le sur-risque de cancers digestifs chez les patients obèses. Qu'en est-il ?
Pr Patrick Pessaux : Il existe une forte corrélation entre obésité et cancers digestifs : on estime que l'obésité multiplie par 2 à 5 le risque de six cancers digestifs dont le cancer colorectal. Lors de la prise en charge de l'obésité, les médecins évoquent les risques cardiovasculaires et locomoteurs associés, mais le surrisque de cancer est peu évoqué, car encore peu connu.
Pourtant, nous disposons ces dernières années de beaucoup d'arguments. Une étude américaine populationnelle dans « The Lancet » a récemment mis en évidence, en plus d'une corrélation entre obésité et cancer, qu’un patient a été confronté jeune à l'obésité, plus il présente un risque important de cancer. Le fait d'avoir été exposé sur un temps plus long à différents mécanismes liés à l'obésité, notamment inflammatoires, pourrait l'expliquer.
Avec le CNAO, nous avons donc choisi de mettre l'accent sur ce surrisque pour que les patients, mais aussi les professionnels de santé, et en particulier les médecins traitants, soient davantage sensibilisés. Nous souhaitons qu'un plan de communication soit mis en place pour une meilleure information. Il faut aussi inciter les patients à participer aux programmes de dépistage organisé du cancer colorectal et du cancer du sein, pour lequel il existe aussi un surrisque.
La prévention passe également par la prise en charge de l'obésité. Avec la perte de poids, le risque diminue et s'apparente à celui de la population générale.
L'innovation est à l'honneur lors du congrès de l'AFC. Quelles sont les innovations majeures en chirurgie bariatrique ?
Deux techniques sont à noter. La première est l'endosleeve qui se développe de plus en plus. Elle consiste à suturer l'estomac de l'intérieur en passant par voie endoscopique afin de réduire la taille de l'estomac. Comme on passe par voie naturelle, il n'y a pas de cicatrice. Cette technique est utilisée chez des patients pour lesquels la chirurgie bariatrique est contre-indiquée ou qui présentent un risque opératoire important. L'idée est de réaliser dans un premier temps une endosleeve avant de les opérer si besoin.
La seconde technique, l'embolisation, est encore en phase d'expérimentation. Elle consiste à boucher les artères de l'estomac afin de créer des zones non fonctionnelles ischémiques et ainsi diminuer les sécrétions qui jouent un rôle sur la satiété notamment. Des études se mettent en place chez l'homme. Les indications sont les mêmes que pour l'endosleeve.
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