Si des expérimentations animales semblaient indiquer que la warfarine procurait un effet protecteur vis-à-vis de certains cancers, et notamment certains cancers urogénitaux, l'étude de cohorte publiée dans le « JAMA Internal Medecine » par l'équipe du Dr James Lorens (département de biomédecine de l'université de Bergen) en est la première démonstration à l'échelle d'une population. La warfarine rejoint donc l'aspirine sur la liste des molécules employées en prévention cardiovasculaire ayant également une activité anti-cancéreuse.
L'étude se base sur les données, issues du registre national norvégien, de 1,25 million de personnes nées en Norvège entre 1924 et 1954, dont 92 942 ont pris de la warfarine pendant une période d'au moins 6 mois. Les auteurs ont exclu les patients dont la première prise de warfarine datant depuis plus de 2 ans avant un diagnostic de cancer. Les membres de la cohorte qui prennent de la warfarine sont en moyenne plus âgés que ceux qui n'en prennent pas : 70 ans en moyenne.
Une réduction globale du risque de 16 %
Plus de 132 000 personnes, soit 10,6 % de la cohorte, ont été atteintes par un cancer au cours de la période d'observation de 7 ans. Le risque de cancer, ajusté pour l'âge et le sexe, est significativement diminué de 16 % chez les utilisateurs de warfarine. La différence de risque est plus particulièrement dans le cancer de la prostate (- 31 %) et le cancer du poumon (- 20 %). Les femmes sous warfarine ont un risque de cancer du poumon inférieur de 10 % à celles qui ne prennent pas de warfarine. Il n'y avait en revanche pas de différence significative en ce qui concerne le cancer du côlon.
Les patients qui prennent de la warfarine dans l'indication de la fibrillation atriale ont fait l'objet d'une analyse séparée. Chez ces patients, la prise de warfarine est associée à une diminution significative de 38 % du risque de cancer toutes localisations. Le risque de cancer du poumon est quant à lui réduit de 61 %, celui de cancer de la prostate de 40 %, celui du cancer du sein de 28 % et celui du colon de 29 %.
La voie GAS6-AXL ciblée par la warfarine
L'effet protecteur de la warfarine vis-à-vis de différents cancers a été étudié dans différents modèles animaux. Il est lié la capacité de cet anti-vitamine K à inhiber les mécanismes tumoraux associés aux récepteurs AXL à activité tyrosine kinase. Elle y parvient en réduisant la production du facteur de croissance GAS6, un ligant des récepteurs AXL. De plus, l'inhibition de la voie de signalisation GAS6-AXL augmente la réponse immunitaire antitumorale, même administrée à des doses inférieures à celles nécessaire pour obtenir un effet anticoagulant.
Les auteurs estiment que leurs résultats sont importants pour guider le choix d'une anticoagulation chez les personnes de plus de 50 ans.
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