Cette étude a d’importantes implications cliniques pour les patients cancéreux, soulignent le Dr Jérôme Galon (directeur du Laboratoire INSERM d’Immunologie et cancérologie intégratives au Centre de Recherche des Cordeliers, Paris) et son équipe internationale dans une étude publiée dans la revue Science Translational Medicine.
« En particulier, notre étude plaide pour un recours à l’immunothérapie cellulaire T au stade précoce du cancer afin de prévenir la dissémination des cellules tumorales pour former des métastases à distance. Elle suggère également que l’Immunoscore et l’analyse immunitaire de la tumeur primitive pourraient aider à prédire la présence et le développement d’une métastase », précisent les auteurs.
Bien que les métastases soient responsables de la plupart des décès liés au cancer, il reste de grandes incertitudes sur les facteurs qui favorisent ou inhibent la dissémination métastatique.
Plusieurs cohortes de patients
Pour mieux comprendre les mécanismes en jeu, le Dr Galon et son équipe ont analysé plusieurs facteurs intrinsèques de la tumeur (mutations de 48 gènes liés au cancer, instabilité génomique, expression génique liée aux cellules tumorales) et plusieurs facteurs du micro-environnement (vascularisation sanguine et lymphatique, réponse immunitaire) en relation avec la présence ou non de métastase auprès de 4 cohortes de patients porteurs de cancer colorectal (CRC ; n = 838).
Cette analyse globale révèle que les principaux paramètres associés à la dissémination métastatique sont liés à l’immunité locale et non aux facteurs tumoraux. En effet, les instabilités chromosomiques et les mutations liées au cancer sont similaires entre les patients porteurs de métastase et ceux sans métastase.
Par contraste, l’analyse du micro-environnement tumoral révèle que l’Immunoscore élevé, ainsi qu’une forte densité de vaisseaux lymphatiques sur les berges tumorales et une forte densité de lymphocytes T cytotoxiques dans la tumeur sont corrélés à un moindre risque de métastase. Leurs données montrent en outre que la métastase est une conséquence de cette réponse immune.
Quantifier la réponse immunitaire
Développé il y a quelques années par l’équipe du Dr Galon, l’Immunoscore quantifie la réponse immunitaire adaptative des lymphocytes T cytotoxiques (CD3 et CD8) dans la tumeur. Ce test semble être un meilleur outil prédictif de survie comparé à la classification traditionnelle basée sur la taille et l’invasion tumorale, et il est en cours de validation dans le CRC au niveau international. « Les immunothérapies tendant à renforcer la réponse des lymphocytes T, améliorent la survie des patients déjà métastasés. Nos résultats montrent qu'elles pourraient aussi bénéficier aux patients atteints de tumeurs localisées mais ayant une réponse immunitaire faible, donc susceptibles de développer des métastases », estime le Dr Jérôme Galon. La société HalioDx, dont il est un co-fondateur, va proposer prochainement ce test Immunoscore pour les hopitaux. Ces résultats pourraient potentiellement s’appliquer à l’ensemble des tumeurs solides.
Science Translational Medicine, 24 février 2014, Mlecnik et coll.
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