Pourra-t-on un jour mieux gérer les effets secondaires des traitements du cancer grâce à son smartphone ou sa tablette ? C’est en tout cas le pari de l’Institut Curie qui travaille actuellement au développement d’Appli chimio, un outil de télésurveillance à domicile de patients traités par une chimiothérapie ou une thérapie ciblée par voie orale. « L’objectif est de repérer au plus vite certaines toxicités dont le patient ne mesure pas forcément toujours l’importance et la gravité », indique la Dr Maya Gutierrez, oncologue médicale à l’Institut Curie, qui porte actuellement le projet financé par l’ARS Ile de France au sein du groupement sanitaire GCS Sesan.
Des effets secondaires non déclarés
Ces dernières années, les traitements délivrés par voie orale n’ont cessé de se développer dans le domaine du cancer. Cette évolution a souvent été présentée comme positive, les patients n’ayant plus à se déplacer à l’hôpital. « Mais au fil du temps, on s’est aussi rendu compte que ces patients, qui venaient moins souvent à l’hôpital, avaient plus d’effets secondaires que les patients ayant des traitements intraveineux. Et bien souvent, ces effets secondaires ne sont pas toujours déclarés spontanément par les patients, qui peuvent avoir tendance à les sous-estimer. En conséquence, ils sont souvent découverts tardivement », souligne la Dr Gutierrez.
Pour lancer ce projet, l’Institut Curie a répondu à un appel d’offres de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, désireuse de développer les projets de télémédecine. « Nous avons conçu une application pouvant être utilisée sur un ordinateur, un smartphone ou une tablette. En consultant les publications des réseaux régionaux de cancérologie, nous avons établi des fiches sur la toxicité de tous les traitements oraux. Notre volonté était d’établir des questionnaires individualisés en fonction de chaque traitement », explique Maya Gutierrez. Pour chaque traitement, une liste des neuf effets secondaires les plus fréquents a été établie.
L’objectif est que le patient saisisse quotidiennement des données relatives à d’éventuelles toxicités de son traitement. Pour chaque effet secondaire, il est invité à répondre à deux questions : la première est basée sur la classification internationale des toxicités, la seconde est d’ordre plus subjectif. « La première question va permettre au patient, par exemple, d’indiquer la fréquence de ses vomissements au quotidien. Avec la deuxième question, il va indiquer dans quelle mesure ces vomissements interfèrent dans sa vie de tous les jours : un, peu, moyennement, beaucoup », détaille la Dr Maya Gutierrez.
Un déclencheur d'alertes
Pour chaque réponse, l’application va calculer un score. Ensuite, l’ensemble des informations seront analysées par un algorithme expert qui, si besoin, pourra déclencher une alerte auprès d’un réseau de santé dont dépend le patient ou de son établissement hospitalier. « Cela fonctionnera comme pour les feux tricolores. Si l’application donne un feu vert, cela veut dire que tout va bien et que le traitement peut se poursuivre. Si le feu est jaune ou orange, une infirmière pourra appeler le patient pour essayer de corriger la situation. Et en cas de feu rouge, il faudra faire venir le patient pour modifier le traitement ou diminuer les doses », explique la Dr Gutierrez.
Avant de lancer l’application, l’Institut Curie va la tester auprès de patients venus en consultation. « Nous allons lancer une étude clinique au printemps prochain sur quatre hôpitaux : Gonesse, Meaux, Paris (Pitié-Salpêtrière) et le centre René Huguenin à Saint-Cloud. Au total, nous souhaitons inclure 400 patients », précise la Dr Maya Gutierrez qui a présenté ce projet lors d’une session sur la e-santé organisée lors des Rencontres de la cancérologie française.
D’après un entretien avec la Dr Maya Gutierrez, oncologue médicale à l’Institut Curie, experte-métier au groupement sanitaire GCS Sesan
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