Ils ont entre trois et quinze ans et viennent chaque mois à l’hôpital privé La Louvière. Seuls ou accompagnés de leurs frères et sœurs, ils viennent vider leur sac, le temps d’un après-midi. Accueillis par une psychologue, ils peuvent poser toutes les questions qui les taraudent, exprimer leur colère ou leur peur. Entre les quatre murs de la salle de réunion, la parole est libre et aucun sujet n’est tabou… ni les traitements, ni la mort ne sont occultés. Pour ces enfants confrontés à la maladie d’un parent, et au non-dit qui l’accompagne souvent, cet espace de parole est d’un grand réconfort.
Onco-psychologue depuis 12 ans, Stéphanie Cambien rencontre les patients suivis à l’hôpital pour un cancer. Elle a pu mesurer la difficulté qu’éprouvent les parents à parler de leur maladie à leurs enfants. « Tous partagent cette inquiétude de l’annonce : comment leur dire sans les alarmer ? Par crainte de les blesser, beaucoup de parents éludent la question. Or masquer la situation génère beaucoup plus d’angoisse chez les enfants. Ils en savent beaucoup plus qu’on ne le pense. Ils remarquent des signes qui ne trompent pas : les yeux rouges de la maman, les conversations à voix basse, les coups de téléphone que l’on évite de passer en leur présence… Ils ressentent une tension latente sans savoir pourquoi. Et leur imaginaire les pousse à envisager des scenarii bien pires que la réalité. »
Pour mettre fin à cette situation, la jeune praticienne a décidé de mettre en place des groupes de paroles afin d’offrir un espace d’expression aux enfants. Organisés chaque mois, le mercredi après-midi, ils accueillent une dizaine d’enfants de tous âges ayant besoin de poser leur sac et libérer leurs émotions.
Les parents éprouvant des difficultés à parler de leur cancer rencontrent préalablement la psychologue afin d’étudier avec elle la meilleure façon de l’annoncer et évaluer l’état du dialogue familial. Ensuite, les enfants viennent seuls au groupe de parole.
Jeux et des techniques théâtrales
Après un temps d’accueil où chacun livre sur un petit papier l’état de ses émotions à l’arrivée, des comédiens de l’association Les Clowns de l’espoir « ouvrent la parole » grâce à des jeux et des techniques théâtrales. vient le moment de la parole. Vient ensuite le temps d’expression avec l’onco-psychologue et un médecin généraliste chargé de répondre aux interrogations des enfants. « On ne devance pas les questions mais on n’élude aucune explication, en adaptant chaque fois les réponses à l’âge de l’enfant. Pourquoi la maman perd ses cheveux ? Pourquoi elle a mal ? Pourquoi les médecins la brûlent ? Et qu’a voulu dire le cancérologue en disant que le papa allait guérir un petit peu ? Autant de questions qui attendent des explications… » Parfois, les interrogations sont plus métaphysiques : « Je voudrais savoir ce qu’il y a après la mort, c’est ça mon problème… », a demandé un garçon de 10 ans.
Lorsque la parole est difficile à libérer, les dessins prennent le relais. Avec les plus petits, l’équipe utilise aussi le jeu pour dédramatiser la situation : la mallette de docteur ou l’ambulance Play Mobil permettent aux enfants d’exprimer leur ressenti face à l’hospitalisation du parent.
Cet espace d’expression est aussi une soupape pour les émotions. « Les enfants peuvent ressentir de la colère face à cette maladie perturbe leur quotidien. Leur maman est tout le temps fatiguée, ne veut plus sortir. Mais ce sentiment est difficile à exprimer. Ils en éprouvent de la culpabilité. Le groupe est le lieu pour le dire ».
Soutenus par l’Agence Régionale de Santé et la Ligue contre le cancer, ces ateliers sont gratuits et ouverts à tous les enfants de la métropole lilloise. Afin de compléter l’accompagnement, Stéphanie Cambien prépare un dépliant donnant quelques pistes aux parents pour annoncer la maladie à leur enfant.
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