La grande majorité des carcinomes épidermoïdes cutanés (CEC) des zones photo-insolées, au moins 60 %, se développent sur une kératose actinique (KA), que l’on peut donc considérer comme un marqueur de risque de cancer cutané… Même si l’évolution de ces lésions, reflet de l’épuisement du capital solaire, plus ou moins rugueuses, pigmentées ou inflammatoires, multiformes, est imprévisible : certaines (15 à 25 %) régressent, d’autres progressent (5 à 20 %). Quoi qu’il en soit, « 10 % des kératoses actiniques à 10 ans se transformeront en CEC », prévient le Dr Jean-Michel Amici, dermatologue à l’Hôpital Saint-André (Bordeaux).
Les lésions sont rarement isolées, KA visibles associées à des lésions plus profondes, et c’est un champ de cancérisation qui doit être traité, d’autant que l’on note des signes de sévérité à l’examen, induration à la base (au palper), saignements, augmentation de taille ou résistance au traitement (la cryothérapie). Sur des lésions isolées, la cryothérapie (avec de l’azote liquide) est indiquée. Sur des lésions multiples, regroupées ou non, les traitements topiques (de 1 à 2 applications par jour à 3 applications par semaine pendant plusieurs semaines jusqu’ici) sont éventuellement en concurrence avec un traitement physique, le laser.
Extrait de la sève d’Euphorbia peplus, le mébutate d’ingénol dissout la membrane des cellules dysplasiques (préférentiellement). À cette cytoxicité immédiate, s’ajoute une activation des cellules immunocompétentes par la réponse inflammatoire induite.
83 % de réduction
À raison d’une application par jour de Picato 150 µg/g (sur le visage et le cuir chevelu) trois jours consécutifs, le taux de rémission complète est de 42,2 % (3,7 % avec le placebo), de rémission partielle de 63,9 % (7,4 % avec le placebo), le pourcentage médian de réduction étant de 83 % (0 % pour le placebo).
Sur le tronc et les extrémités de patients traités par une application quotidienne de Picato 500 µg/g sur deux jours, le taux de rémission complète est de 34,1 %, versus 4,7 % pour le placebo, de rémission partielle de 49,1 % (vs 6,9 % pour le placebo), le pourcentage médian de réduction des lésions étant de 75 % (0 % pour le placebo).
En ce qui concerne la tolérance, la chronologie des réactions est prévisible, avec un pic d’intensité maximale des réactions cutanées au 4e jour et à 2 semaines, quelque son score initial, une résorption de l’inflammation consécutive au traitement. À 12 mois, un patient sur deux reste en rémission complète.
* Lebwohl M et al, Ingenol Mebutate gel for actinic keratosis, NEJM 366 ;11 nejm.org march 15, 2012
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