Quelle est la conduite à tenir face à des lésions vulvaires ou vaginales ? Voilà une question qui sera abordée dans les recommandations de pratique clinique (RPC) sur les pathologies vulvaires et vaginales, élaborée à l’initiative du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF). Ces recommandations, qui doivent être publiées avant la fin de l’année, s’adressent principalement aux spécialistes, gynécologues et dermatologues, en première ligne face à ces pathologies qui restent relativement rares. Mais les rédacteurs du texte ont aussi des messages à faire passer aux généralistes. « Ces derniers ne sont pas toujours très à l’aise face aux lésions de la vulve ou du vagin. Mais, dans un certain nombre de cas, les généralistes vont être les premiers que ces femmes, porteuses de lésions potentiellement graves, iront consulter. On voit des patientes qui, au départ, venaient pour un prurit et chez lesquelles on diagnostique ensuite tout autre chose qu’une candidose », explique la Pr Lobna Ouldamer (CHU de Tours), qui a coordonné ces RPC en lien avec le Pr Jean Leveque (CHU de Rennes) et le Pr Cyrille Huchon (Lariboisière/Bichat).
Gynécologues et dermatologues
« Ce travail a été mené par le CNGOF, en lien avec toutes les sociétés de savantes de gynécologie concernées, mais aussi les trois sociétés savantes de dermatologie. Le texte a aussi été relu par des patientes », indique la Pr Ouldamer, en précisant qu’au total une quarantaine d’experts ont travaillé à des degrés divers sur ces recommandations. « Elles portent sur plusieurs champs : les dysplasies vulvaires et vaginales de haut grade, celles de type différencié, les mélanomes vulvovaginaux, la maladie de Paget vulvaire, le cancer vulvaire et le cancer du tiers inférieur du vagin », détaille la Pr Ouldamer, en soulignant le caractère rare de ces pathologies. « En dehors du cancer de la vulve, le niveau de preuves est relativement faible car il a assez peu de littérature sur le sujet. C’est la raison pour laquelle nous avons tenu à faire des propositions consensuelles de prise en charge », précise la coordinatrice.
Consultation spécialisée
Un des messages clefs à faire passer est que ces pathologies rares doivent être adressées à des médecins experts du domaine. « Dès qu’on est en présence d’une lésion vulvaire ou vaginale suspecte, il faut s’en remettre à des médecins experts. Sinon, il y a un vrai risque de perte de chances pour les patientes », explique la Pr Ouldamer, en insistant sur les bons réflexes que doivent adopter les généralistes. « Ils ont bien sûr vocation à traiter toutes les pathologies standards de type candidose. Mais on peut leur délivrer un message simple et concret : toute nouvelle lésion blanche, rouge ou hyperpigmentée au niveau vulvaire doit être adressée à des centres experts. Nous y avons des consultations où les patientes seront vues en même temps par un gynécologue et un dermatologue, les consultations de pathologie vulvaire », insiste la Pr Ouldamer. « Un autre message concret est qu’un mélanome au niveau de la vulve n’est pas toujours noir, il peut aussi être achromique. Et tout ce qui est noir ou hyperpigmenté n’est pas un forcément un mélanome. Et seul un expert peut faire un diagnostic avisé face à ces lésions rares », ajoute-t-elle.
Entretien avec la Pr Lobna Ouldamer, gynécologie-obstétrique option cancérologie, CHU de Tours
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