PAR LE Pr MARTINE GILARD*
AU DÉBUT des années 1970, la mortalité était de 50 % dans l’année qui suivait un infarctus. Grâce au développement des soins intensifs et des méthodes de revascularisation, elle est actuellement en moyenne < 10 % pour les patients pris en charge dans les 12 premières heures.
Si les études randomisées de ces dernières années sont en faveur de l’angioplastie primaire, lorsqu’on la compare à la thrombolyse préhospitalière, on constate une efficacité similaire surtout dans les deux premières heures comme l’a montré CAPTIM. De même, lorsque l’on analyse les registres français USIC 2000 et FAST-MI 2005, ces deux méthodes, réalisées selon les recommandations des sociétés savantes, ont une efficacité identique en ce qui concerne le devenir hospitalier et le suivi à 1 an des patients. Une des explications de ce « paradoxe français » repose sur la fréquence de la coronarographie et de l’angioplastie après une thrombolyse réussie. En effet, les patients thrombolysés ont un contrôle coronarographique dans 96 % des cas suivi d’une angioplastie dans 84 %, dont 58 % dans les 24 premières heures. Cependant ces registres, dont le dernier a été réalisé en 2005, nous montrent que 40 % des patients n’ont pas de revascularisation à la phase aiguë. Leur mortalité hospitalière, par rapport aux patients ayant bénéficié d’une revascularisation, est de 9,5 % contre 5 %, avec une mortalité à 1 an de 21,5 % contre 8 %. Il est donc très important d’améliorer cette prise en charge et de la proposer au plus grand nombre possible de patients.
Lorsque l’on analyse la situation dans les autres pays faisant partie de la Société européenne de cardiologie (ESC), on constate une grande disparité de cette prise en charge. Afin de l’améliorer, l’EAPCI (European Association of Percutaneous Intervention) association faisant partie de l’ESC, équivalent du GACI pour la Société française de cardiologie a décidé de lancer une initiative appelée « Stent For Life » au niveau de six pays européens : France, Espagne, Serbie, Grèce, Turquie et Bulgarie.
Cinq départements pilotes.
Chaque pays devait cibler les problèmes spécifiques à cette prise en charge afin d’y remédier. En France, nous devons améliorer les délais de prise en charge en sensibilisant la population pour appeler le 15 devant toute douleur thoracique mais nous devons également augmenter notablement le nombre de patients pris en charge à la phase aiguë. Pour ce faire, nous avons décidé de réaliser un registre prospectif et le plus exhaustif possible sur 1 mois dans cinq départements pilotes : Côte-d’Or, Essonne, Haute-Garonne, Haute-Savoie et Nord. Ces départements ont été choisis en raison de leurs différences en termes de densité de population, de particularités géographiques, de nombre d’unités de soins intensifs avec ou sans salle de cathétérisme, afin d’être le plus représentatif des nombreuses situations que l’on peut rencontrer en France.
Ce premier registre a eu lieu durant le mois de novembre 2010. Il va recueillir essentiellement les personnes que les patients appellent lors d’une douleur thoracique, les délais de prise en charge et les méthodes de revascularisation utilisées. Après analyse des données, une campagne de sensibilisation sera organisée auprès des praticiens en charge de ces patients, des médecins généralistes, par l’intermédiaire de la presse écrite médicale, mais également des journaux régionaux grand public et des radios locales. Un nouveau registre sera ensuite réalisé en novembre 2011. Nous pourrons ainsi savoir si des progrès ont été réalisés notamment au niveau de l’appel du 15 et des délais de prise en charge. Dans ce cas, ces mesures pourront être étendues au territoire national.
Tout ce projet n’aurait pu voir le jour sans l’aide de l’industrie qui nous apporté l’aide financière indispensable. Je tenais à les remercier. Il s’agit par ordre alphabétique des sociétés Abbott, Biosensors, Biotronik, Boston, Cordis, Hexacath, Lilly/Daiichi-Sankyo, Medtronic, Philips, Terumo et The Medecines Company.
Stent for Life n’aurait également pas été possible sans l’association des cardiologues et des urgentistes, des SAMU. Dans chaque département un binôme constitué d’un urgentiste, et d’un cardiologue interventionnel a été formé. Ils ont organisé des réunions de l’ensemble des partenaires impliqués dans la prise en charge des patients faisant un infarctus. Les deux registres ainsi que l’analyse statistique sont réalisés avec l’aide de la Société française de cardiologie. Une société de communication, Interligne, nous aide dans ces démarches.
Les résultats seront connus fin 2011, un peu après ceux de l’analyse du registre FAST-MI 2010.
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